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Citation de wentworth23


Epouse de l’héritier de Bayreuth (qu’on écrit alors Bareith), la future margrave arrive dans sa nouvelle capitale en 1732. Elle décrit la réception qui lui est faite et l’appartement qui sera désormais le sien.

« J’y arrivai enfin le 22. de Janvier [1732] à six heures du soir. On sera peut-être curieux de savoir mon entrée ; la voici. A une portée de fusil de la ville, je fus haranguée de la part du Margrave par Mr. De Dobenek, grand-bailli de Bareith. C’était une grande figure tout d’une venue, affectant de parler un allemand épuré et possédant l’art déclamatoire des comédiens germaniques, d’ailleurs très-bon et honnête homme. Nous entrâmes peu après en ville au bruit d’une triple décharge de canon. Le carosse où étoient les Messieurs commença la marche ; puis suivoit le mien, attelé de six haridelles de poste ; ensuite mes dames ; après les gens de la chambre et enfin six ou sept chariots de bagages fermoient la marche. Je fus un peu piquée de cette réception, mais je n’en fis rien remarquer. Le Margrave et les deux princesses ses filles me reçurent au bas de l’escalier avec la cour ; il me conduisit d’abord à mon appartement. Il étoit si beau, qu’il mérite bien que je m’y arrête un moment. J’y fus introduite par un long corridor tapissé de toiles d’araignées et si crasseux, que cela faisoit mal au cœur. J’entrai dans une grande chambre, dont le plafond, quoique antique, faisoit le plus grand ornement ; la hautelice qui y étoit, avoit été, à ce que je crois, fort belle de son temps, pour lors elle étoit si vieille et si ternie, qu’on ne pouvoit deviner ce qu’elle représentoit qu’avec l’aide d’un microscope ; les figures en étoient en grand et les visages si troués et passés, qu’il sembloit que ce fussent des spectres. Le cabinet prochain étoit meublé d’une brocatelle couleur de crasse ; à côté de celui-ci on en trouvoit un second, dont l’ameublement de damas vert piqué faisoit un effet admirable ; je dis piqué, car il étoit en lambeaux, la toile paroissant partout. J’entrai dans ma chambre de lit, dont tout l’assortiment étoit de damas vert avec des aigles d’or éraillés. Mon lit était si beau et si neuf, qu’en quinze jours de temps il n’avoit plus de rideaux, car dès qu’on y touchoit ils se déchiroient. Cette magnificence à laquelle je nétois pas accoutumée, me surprit extrêmement.
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