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Citation de SZRAMOWO


Il ne me restait plus que la ressource de prélever en nature la dîme sur les fournées. De temps à autre, j’escamotais quelques pains ; mais comme, pour m’en défaire, j’étais obligé de les donner à vil prix, à peine, dans le produit de la vente, trouvais-je de quoi me régaler de tartes et d’hydromel. La nécessité rend actif : j’avais l’œil sur tout ; tout m’était bon, le vin, le sucre, le café, les liqueurs. Ma mère n’avait pas encore vu ses provisions s’épuiser si vîte ; peut-être n’eût-elle pas découvert de sitôt où elles passaient, lorsque deux poulets que j’avais résolu de confisquer à mon profit élevèrent la voix pour m’accuser. Enfoncés dans ma culotte, où mon tablier de mitron les dissimulait, ils chantèrent en montrant la crête, et ma mère, avertie ainsi de leur enlèvement, se présenta à point nommé pour l’empêcher. Il me revint alors quelques soufflets, et j’allai me coucher sans souper. Je ne dormis pas, et ce fut, je crois le malin esprit qui me tint éveillé. Tout ce que je sais, c’est que je me levai avec le projet bien arrêté de faire main basse sur l’argenterie. Une seule chose m’inquiétait : sur chaque pièce le nom de Vidocq était gravé en toutes lettres. Poyant, à qui je m’ouvris à ce sujet, leva toutes les difficultés, et le jour même, à l’heure du dîner, je fis une rafle de dix couverts et d’autant de cuillers à café. Vingt minutes après, le tout était engagé, et, dès le surlendemain, je n’avais plus une obole des cent cinquante francs que l’on m’avait prêtés.
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