J'avoue être totalement partagé au sujet de cette longue BD qui est passée comme une tempête d'été dans mon cerveau. C'est dire si cela a déplacé des choses... J'aurais pu mettre 5 étoiles ou 1 seule... selon la perspective avec laquelle on prend la BD.
Claudia est une jeune femme moderne. Elle vit la vie plein pot et "subit" ses émotions. Sexe, amour, tout se mélange un peu. Elle s'emballe pour Giorgio, un ex, alors qu'elle est avec Piero. Elle est en ville pour une audition, un monologue de Beckett, dans Oh les beaux jours. Ce n'est évidemment pas innocent comme choix.
Graphiquement, les émotions sont représentées par des transformations physiques. Une queue, des ailes, des dents pointues, un regard malsain... autant d'indications que les émotions prennent le pas sur Claudia. Mais il n'y a pas que cela, bien sûr. Il y a les relations humaines. Avec Giorgio ou Piero. Avec sa mère, au téléphone. Claudia, tour à tour, vit, survit, sublime les instants façon carpe diem. Giorgio est beaucoup plus âgé qu'elle, mais elle s'en moque lors qu flashback relatant leur vie de couple. Ni altruiste, ni égoïste, Claudia est moderne. Elle veut vivre pleinement.
J'ai été charmé par Claudia et son monde. La mise en couleur façon "crayons de couleurs" est très attrayante. Cela participe de la magie qui se dégage de la BD. J'ai cependant deux soucis... le premier est le niveau de dessin. J'essaie d'avoir les idées larges. Mais à chaque fois que je me plongeais dans la magie de la BD, des imperfections me rappelaient à la dure réalité, hard landing... (et si on veut être mauvaise langue, elles abondent, les imperfections)
Je ne demande pas un dessin parfait. Mais quand les "détails" d'une case ou d'une planche arrivent à briser la magie du roman graphique, je pense que cela devient un problème. Cela dit, je suis tout à fait prêt à considérer que le problème vient de moi, et pas de la dessinatrice. Je n'ai pas réussi à m'extraire suffisamment du dessin pour ne ressentir que les émotions, clairement.
Deuxième souci, qui passe fort bien quand même, c'est le découpage. Régulièrement, Zuzu découpe des phrases en attribuant une case à chaque mot. Souvent ce sont de petites cases, où on ne voit que le visage. Et il y a alors un travail sur les expressions faciales. Sympa, très astucieux et audacieux. Mais pas toujours réussi. Et on revient alors à mon premier problème, la magie de l'instant s'évapore...
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L'histoire de Claudia divisée en trois parties : un prologue et deux actes.
Dans ce nouveau roman graphique, Zuzu nous parle d'une femme de notre temps, de ses sentiments qui envahissent l'espace, saturant son esprit d'émotions contradictoires.
Claudia, c'est toute la violence de la sensibilité de celles·ux que rien n'apaise, jamais. Ces émotions qui débordent, s'incarnent physiquement dans toute leur animalité par l'apparition d'une queue, d'ailes d'ange et de canines. Certains·es voudront faire passer cela pour la fougue de la jeunesse. Il n'en est rien et Claudia passera des heures à tenter l'expliquer.
Mais attention, il ne s'agit pas "que" d'une femme trop sensible. C'est de l'amour qui fait mal ou qui soigne, de l'alcool, de la brutalité. Il s'agit de survivre à un monde avec trop d'aspérités, d'angle durs et dans lequel s'adapter est le plus dur des combats.
Un gros gros coup de cœur.
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Il m'attendait sur mon étagère depuis presque un an. Après Cheese, son excellent mais très dur premier projet, j'avais un peur de me lancer dedans. J'ai eu un peu de mal au début. Le découpage est très décompressé. Des pages et des pages sur des scènes qui font que quelques minutes, chaque mouvement, chaque regard est dessiné. C'est lourd. Et puis d'un coup ça fait sens. J'ai moins aimé que Cheese, autant narrativement que graphiquement, mais ça reste un très bel ouvrage. Zuzu sait se réinventer, et puiser dans ses traumas pour créer de magnifiques ovnis. Hâte de voir ce que donne son prochain
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