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Citation de AAKLAMM


L’art de la diplomatie subit lui aussi de grande réformes. Avant Pierre, la Russie ne correspondait régulièrement qu’avec les pays proches, amis ou ennemis. Il s’agissait de la Suède, du Danemark, de la Pologne, du khanat de Crimée et de l’Empire Ottoman. Mais avec Pierre, les ambitions sont bien plus grandes. C’est avec le monde qu’il faut discuter. Des représentants, ambassadeurs, messagers doivent se rendre ou vivre à Paris, Londres, La Haye, Amsterdam, Venise. Le Tsar attend d’eux des informations politiques, militaires, mais aussi culturelles, scientifiques et techniques. Il leur demande d’embaucher des artisans, ingénieurs, artistes, marins et mercenaires. Il leur faut aussi se montrer dans les salons, dans les cours et les manifestations de toutes sortes sous leur meilleur jour, s’assimiler et faire publier dans les journaux des articles favorables à la Grande Russie, patrie européenne. Pierre envoie aussi plusieurs centaines de fils de la noblesse et de la bourgeoisie se former en Europe à des métiers qui n’existent même pas encore en Russie. Ils seront les élites de demain.

La diplomatie, la négociation, la collaboration donc mais aussi la guerre. Pierre écrit dans le Règlement maritime de 1702: « Un souverain n'a deux mains que s'il possède une armée de terre et une flotte puissante ». Il crée alors l'Amirauté en 1704 dans sa nouvelle capitale. Celle-ci devient rapidement le principal chantier naval du pays et une entreprise modèle. L'usage de la scie, inconnue jusqu'alors des charpentiers russes qui maniaient la hache avec tout le gaspillage de bois et l'imprécision que cela supposait, est introduit en Russie. Des navires de guerre rapides et imposants sortiront de cette amirauté et feront de la Russie une nouvelle puissance navale.

Pierre réforme avec fougue. Il publie oukase après oukase. La culture n’est pas épargnée. Peinture sur chevalet, gravure et sculpture sont imposées en Russie alors que l’art de cet époque est principalement celui des icônes religieuses. La volonté pétrovienne marque un coup d’arrêt temporaire au développement de cet art russe ancien. Pierre ordonne aux peintres russes de copier les modèles hollandais ou français. Il simplifie aussi l'alphabet cyrillique et impose en Russie l’utilisation des chiffres arabes, petite révolution préparant l’avenir de l’excellence mathématique dans le pays.

Inquiet de la puissance de l’Église orthodoxe, il supprime le patriarcat et impose le Saint-Synode, un concile qui devient de fait une sorte de ministère du culte. Une assemblée lui fera moins d’ombre qu’un grand patriarche représentant Dieu pense t-il. Il favorise aussi l’accueil de catholiques afin d’affaiblir tant que possible le pouvoir des orthodoxes. Voltaire, l’anti-clérical et l’anti-chrétien, l’applaudira des années plus tard dans ses anecdotes sur le czar Pierre Le Grand:

« Pour avoir plus de sujets il voulut avoir moins de moines, et ordonna que dorénavant on ne pourrait entrer dans un cloître qu’à cinquante ans; ce qui fit que, dès son temps, son pays fut, de tous ceux qui ont des moines, celui où il y en eut le moins. Mais, après lui, cette graine qu’il déracinait a repoussé, par cette faiblesse naturelle qu’ont tous les religieux de vouloir augmenter leur nombre, et par cette autre faiblesse qu’ont les gouvernements de le souffrir. Il fit d’ailleurs des lois fort sages pour les desservants des églises, et pour la réforme de leurs mœurs, quoique les siennes fussent assez déréglées, sachant très bien que ce qui est permis à un souverain ne doit pas l’être à un curé ».
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