AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Sayfullah


Le Très-Haut a créé les plantes. Celles-ci sont d’une constitution plus parfaite que les pierres, la terre, le fer, le cuivre et l’ensemble des éléments dénués de croissance et d’alimentation. En effet, les plantes sont ainsi faites qu’elles sont dotées d’une faculté à tirer leur subsistance de la terre à travers leurs racines et leurs vaisseaux. Il s’agit là des organes de leur alimentation. On peut d’ailleurs voir les petites veines qui drainent cette nourriture dans les feuilles des plantes. Les racines des arbres sont ainsi très larges à leur base. La sève qu’elles font remonter circule ensuite dans des vaisseaux qui se ramifient et deviennent de plus en plus exigus. Ceux-ci aboutissent finalement à des veines minuscules et imperceptibles aux extrémités des feuilles. Mais en dépit de cette constitution aboutie, les plantes sont imparfaites. Car si cette alimentation n’est pas conduite jusqu’à elles et mise à leur portée, elles sèchent et fanent. Et elles ne peuvent chercher leur nourriture en un autre lieu. Car cette action requiert une connaissance d’un tel lieu et une capacité à s’y rendre. Ce que les plantes ne peuvent faire.
Un des bienfaits dont Dieu te gratifie réside donc en ces sens et en ces membres moteurs dont Il t’a doté pour pouvoir aller au devant de ta nourriture. Observe la sagesse avec laquelle le Très-Haut a créé les cinq sens, lesquels sont autant d’instruments utiles à l’appréhension des choses. Le premier sens est ainsi celui du toucher. Il fut créé de manière à ce qu’en cas de brûlure ou de blessure, tu en aies la sensation et puisses te soustraire à sa cause. C’est le premier sens donné aux animaux. On ne saurait concevoir un animal privé de celui-ci. Car un être privé de ce sens ne serait tout simplement pas un animal. Le moindre degré de perception consiste en effet à ce que l’être ressente ce qui est en contact avec lui, et le touche. La perception des objets distants se situe indubitablement à un degré supérieur. Le sens du toucher se trouve donc en tout animal. Même le ver de terre en est doté. Car si on plante une aiguille dans sa chair, il se recroqueville et cherche à fuir. Ce qui n’est pas le cas des plantes qui peuvent être coupées sans se rétracter. Car elles ne sentent pas qu’on les coupe. Mais si tu n’étais doté que de ce sens, tu serais toujours imparfait comme le ver, et tu serais incapable de te procurer une nourriture éloignée de toi. Je dirais même que tu ne le pourrais à moins qu’elle soit en contact avec toi, et que tu en aies la sensation. Tu as donc besoin d’un sens te permettant de percevoir les choses à distance. Dieu t’a justement doté du sens de l’odorat. Mais celui-ci te permet simplement de sentir l’odeur des choses sans en connaître la localisation. Si tu n’avais que lui, tu serais contraint d’aller et venir dans de nombreuses directions afin de trouver cette nourriture dont tu sens l’odeur. Peut-être la trouverais-tu, mais peut-être ne la trouverais-tu pas. Tu serais donc encore extrèmement imparfait. Dieu t’a donc doté de la vue afin que tu puisses percevoir les objets qui te sont éloignés et connaître leur emplacement. Mais si tu n’étais doté que de ce sens, tu serais encore imparfait car tu ne pourrais percevoir les objets situés derrière un mur ou un rideau. Tu ne percevrais ainsi ta nourriture ou ton ennemi que dans la mesure où aucun obstacle ne s’interposerait entre vous. Il se pourrait alors que cet obstacle cesse de te dissimuler la présence de ton ennemi qu’une fois celui-ci trop proche pour fuir. Dieu t’a donc doté de l’ouïe, afin que tu puisses percevoir les sons au-delà des murs et des rideaux dès qu’un mouvement les produit. En effet, la vue ne te permet que de percevoir les objets présents. Quant aux objets absents, tu ne peux les connaître qu’à travers une description faite de lettres et de sons audibles. En raison du grand besoin que tu en avais, Dieu t’a donc doté de tout cela. Tu te distingues ainsi des animaux par ta capacité de comprendre les sons. Néanmoins, tout cela ne te serait d’aucune utilité si tu n’étais pas doté du sens du goût. Car les aliments seraient à ta disposition, mais tu serais incapable de savoir s’ils sont comestibles ou non, et tu aurais tôt fait de risquer ta vie. C’est le cas de l’arbre. ll absorbe indistinctement tous les liquides versés à ses pieds. Ce qui peut le tuer.
Par ailleurs, tous ces sens te seraient encore insuffisants si à l’avant de ton cerveau n’avait pas été créé une autre faculté appelée « sens de synthèse » vers lequel ces cinq sens convergent et sont regroupés. Car si, par exemple, tu prenais en bouche un aliment jaune au goût amer et impropre à la consommation, puis que tu le voyais une seconde fois sans être doté de ce sens de synthèse, tu ne pourrais savoir qu’il est amer et non comestible sans le goûter de nouveau. Parce que tes yeux ne perçoivent que la couleur et non l’amertume. Qu’est-ce qui te ferait t’abstenir de le goûter de nouveau, puisque le goût n’en perçoit que l’amertume et pas la couleur. Il faut donc bien qu’une faculté rassemble en elle-même la couleur et l’amertume, de sorte que si tu perçois la couleur jaune, elle puisse t’informer de son amertume, et te dissuader de le goûter de nouveau.
Les animaux partagent avec toi tous ces sens. La brebis, par exemple, n’est privée d’aucun d’eux. Si tu n’étais doté que de cela, tu serais donc encore imparfait. Car les animaux d’élevage sont capturés et attachés par le biais de quelques manœuvres et ne savent pas comment se libérer. Il arrive même qu’elles se jettent dans un puits sans réaliser qu’elles mettent leur vie en péril. Ces animaux peuvent consommer des aliments dont le goût leur plaît, mais dont la nature leur est nuisible, au point de tomber malade et de mourir. Car ils n’appréhendent que le présent et n’ont pas conscience des conséquences. Le Très-Haut t’a donc fait l’honneur de te distinguer des animaux en te dotant d’une autre faculté plus estimable que toutes celles qui précèdent. Il s’agit de la raison. C’est cette faculté qui permet de distinguer les aliments bénéfiques des aliments nuisible à court terme et à long terme. Elle permet aussi de comprendre comment la cuisiner, la associer et les préparer. La raison t’est donc utile dans l’alimentation. Et il se trouve que ta santé est tributaire de celle-ci.
C’est là le moindre des avantages et la moindre des sagesses qui sont attachés à ta raison. Sa plus grande sagesse étant de te permettre de connaître Dieu et Ses actions, ainsi que la raison d’être de Sa création.
Fort de cette raison, tu peux tirer profit des atouts de tes cinq sens. Ils œuvrent alors comme des espions et des agents de renseignements à ton service aux confins de ton royaume. Chacun est affecté en propre à une fonction : l’un est chargé de t’informer des couleurs ; l’autre des sons ; l’autre des odeurs ; l’autre des goûts ; et l’autre encore de la température, de la texture, de la dureté, etc. Ces espions et postiers rapportent donc des informations des quatre coins de ton empire, et les rassemblent dans le sens de synthèse. Celui-ci se tient au-devant du cerveau, comme le documentaliste se tient sur le seuil du royaume pour recueillir les histoires et les ouvrages en provenance du reste du monde. Il les réceptionne encore cachetés et les prend en charge, car sa fonction se borne à les recueillir, les rassembler et les conserver, non de connaître ce qu’elles contiennent. Mais lorsqu’il entre en contact avec le cœur raisonnable, lequel est le gouvernant et le roi, il lui remet le tout. Alors, le roi inspecte le contenu de ces correspondances et s’informe par leur biais des secrets du royaume. Puis il rend des jugements inouïs que l’on ne saurait décrire en cette occasion. Et c’est en fonction de ce qu’il croit concourir à son intérêt qu’il met en mouvement ses armées que sont les membres du corps : soit pour aller au-devant d’un objectif, soit pour fuir une nuisance, soit pour prendre des dispositions quelconques.
Voilà comment Dieu te dispense Ses bienfaits relatifs à l’appréhension des choses. Mais ne t’imagine pas que nous avons épuisé le sujet. Car les sens externes ne sont qu’une partie des sens. Puis, si nous considérons simplement la vue, laquelle n’est qu'un seul de ces sens, et que nous observons l’œil qui en est l’organe, nous constatons qu’il est constitué de dix strates superposées. Les unes sont faites de matières visqueuses, et les autres sont des enveloppes. Certaines de ces enveloppes ressemblent
à des toiles d’araignée, et d’autres sont comparables à des membranes. Certaines des matières visqueuses ressemblent à du blanc d’œuf, d’autres ressemblent à de la glace. Puis chacune de ces dix strates a une fonction, une forme, une configuration, une taille, une rondeur et une disposition bien précises. Si une seule de ces strates est défectueuse, ou si même l’une des fonctions d’une strate n’est plus remplie, le regard s’en trouve affecté d’une façon qui laisse tous les médecins et spécialistes du khôl impuissants. Et il ne s’agit là que d’un seul sens ! On pourrait en dire autant de l’ouïe et de l’ensemble des sens. J’ajouterai qu’on ne saurait rendre compte de manière exhaustive des sagesses et des bienfaits que le Très-Haut place en la simple vue et ses différentes strates, même si nous rédigions à cet effet de nombreux volumes. Pourtant, l’œil dans sa réalité physique n’est pas plus gros qu’une petite noix. Que dire alors de l’ensemble du corps avec ce qu’il comporte de membres et de dispositions extraordinaires.
Voilà donc quelques aperçus sur les bienfaits dont le Très-Haut nous gratifie à travers la création des organes de perception.
Commenter  J’apprécie          30









{* *}