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Citation de Jacopo


A MON FRÈRE ROMÉO

Toi qu'enleva sitôt l'appel du Tout-Puissant,
Ô frère par le cœur autant que par le sang.
Qui fus pendant trente ans dans des travaux austères
Forcé de recopier la prose des notaires,
Il me semble te voir assis et tout courbé
Jusqu'au dernier moment sur le registre B.
Poursuivant sans repos ta tâche journalière,
Mes pins manquent depuis ta course familière.
Car tu venais souvent l'hiver comme l'été
Égayer ma maison de ta franche gaîté.
Le piano privé de ton doigté d'artiste
N'a plus le même son et sa note est plus triste,
Et mon foyer chagrin de ton si prompt trépas,
Va conserver longtemps l'empreinte de tes pas
Et répéter l'écho de ta chanson joyeuse.
Qui redira jamais ta mimique amuseuse,
Ta riposte si vive et ton esprit gaulois,
Le tout dit sans malice et sur un ton courtois ?
II me semble te voir épanchant ton génie
Sur le clavier vibrant de force et d'harmonie.
Le faisant tour à tour chanter, rire ou pleurer,
De la gamme vainqueur sans à peine effleurer.
Aux partis de plaisir toujours indispensable.
Il fallait aux amis ta verve inépuisable
C'est surtout près des tiens que j'aime à t'évoquer
Alors que tes enfants venaient tous se grouper
Pour écouter, ravis, sur l'instrument sonore,
Ces impromptus touchants qui me charment encore.
Mais ce dont j'ai gardé le plus cher souvenir.
C'est le soir de ta mort où tu les fis venir,
Que près du piano réunis tous ensemble.
Pour la dernière fois et d'une voix qui tremble,
Tu chantas avec eux la chanson de l'adieu,
Car une heure plus tard tu rendais l'âme à Dieu.
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