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Citation de genou


genou
12 septembre 2013
À cinq heures du matin, en gare d’Alep, stationnait le train désigné sous le nom pompeux de «Taurus-Express». Il comprenait un wagon-restaurant, un sleeping-car et deux autres voitures.
Devant le marchepied du sleeping-car, un jeune lieutenant français, en uniforme élégant, couvert d’un épais manteau, conversait avec un petit homme emmitouflé jusqu’aux oreilles et dont on n’apercevait que le bout du nez rouge et deux fortes moustaches relevées en croc.
Par ce froid glacial, accompagner au train un étranger d’importance n’offrait rien d’enviable, mais le lieutenant Dubosc s’acquittait de cette corvée avec une bonne grâce parfaite et prodiguait au voyageur des amabilités en un langage des plus châtiés. Le jeune officier ne savait pas au juste de quoi il s’agissait. De vagues rumeurs avaient circulé dans la garnison. Le général – son général – s’était montré pendant quelques jours d’humeur massacrante, jusqu’à l’arrivée de ce Belge qui, paraît-il, avait fait tout exprès pour cette occasion – quelle occasion !… – le voyage d’Angleterre en Syrie. Après une semaine écoulée dans une atmosphère des plus tendues, les événements s’étaient précipités : un officier avait démissionné, un personnage occupant des fonctions civiles avait été rappelé par son gouvernement. Puis les visages anxieux s’étaient rassérénés et certains règlements rigoureux s’étaient peu à peu relâchés ; enfin, le général – le général du lieutenant Dubosc – avait retrouvé sa bonne humeur. Dubosc avait surpris quelques bribes de conversation entre son chef et l’étranger.
— Mon cher, disait le vieux général d’une voix émue, vous avez éclairci une affaire pénible et évité de graves complications ! Comment vous remercier de votre empressement à répondre à mon appel ?
À quoi l’étranger (M. Hercule Poirot, pour l’appeler par son nom) avait fait une réponse adéquate où entrait cette phrase :
— Je ne saurais oublier, mon général, qu’un jour vous m’avez sauvé la vie.
Le général, ne voulant pas être en reste de cordialité avec son interlocuteur, avait désavoué le mérite de ce lointain service. Après de nouvelles phrases imprécises où revenaient à tour de rôle les mots « France, Belgique, gloire, honneur » et autres vocables de la même famille, ils s’étaient donné l’accolade et s’étaient séparés.
En ce qui concernait le fond...
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