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Citation de Aym


Aym
20 février 2014
— Anthony Cade ! Vieux gentleman !
— Jimmy McGrath ! Toi ? Pas possible !
Les voyageurs de l’autocar Castle – sept dames exténuées et trois messieurs en
sueur – observaient la scène avec le plus vif intérêt. Leur guide, Mr. Cade, avait, selon toute évidence, rencontré un vieil ami. Tous les voyageurs – et particulièrement les
voyageuses – professaient la plus profonde admiration pour Mr. Cade, pour sa silhouette
svelte et vigoureuse, son visage bronzé, sa façon d’exercer son métier de guide, de les
amuser, de les distraire, d’apaiser leurs petites querelles. Son ami, bien qu’aussi grand que lui, n’avait pas du tout la même allure. Épais, brutal, il semblait être un tenancier de bar ou quelque chose d’approchant. Un de ces hommes qu’on rencontre dans les romans
d’aventures. Tant mieux ! se disaient ces dames. Jusqu’à présent, leur voyage en autocar à Bulawayo avait été fatigant et ennuyeux. La chaleur était accablante, l’hôtel manquait de confort, et elles auraient sûrement commencé à protester ou à se disputer si Mr. Cade ne leur avait pas proposé d’envoyer des cartes postales à leurs amis d’Europe, Dieu merci, on ne manquait pas de cartes postales à Bulawayo !
Anthony Cade et son ami s’étaient écartés du groupe.
— Que diable fais-tu, mon vieux, avec ce troupeau de femmes ? Tu te recrutes un
harem ?
— Un harem, avec ces mignonnes-là ? Tu ne les as donc pas regardées ?
— Si, mais c’est peut-être toi qui es devenu myope !
— Ne t’en fais pas, ma vue est aussi bonne que la tienne. Non, mon brave Jim, je suis ici
en fonctions : les autocars Castle, c’est moi ! Ou plutôt, c’est moi leur représentant local.
— Que vas-tu faire dans cette galère ?
— Manger tous les jours, mon vieux. C’est une mauvaise habitude, j’en conviens, mais il
est rudement difficile de s’en défaire. Si on pouvait se passer de dîner, je t’assure que je ne serais pas ici. Ce genre de travail ne convient pas à mon tempérament.
Jimmy ricana.
— Ton tempérament, si je ne me trompe, ne s’est jamais accommodé d’une besogne
régulière !
Anthony dédaigna cette observation.
— Je suis certain, dit-il, que la chance me tirera bientôt de là. Elle le fait toujours.
Jimmy le regarda avec admiration.
— Évidemment ! S’il se mijote quelque part une sale affaire, tu auras sûrement la chance
d’y tremper. Et celle de t’en tirer sain et sauf ! Tu passes entre les gouttes, toi ! Dis donc,
quand prend-on un verre ensemble ?
Anthony soupira.
— Hélas ! je dois encore conduire mon poulailler sur la tombe de Rhodes.
— Bravo ! dit Jim.
Et il ajouta, en louchant du côté des voyageuses :
— Elles en reviendront fatiguées à mort et rêvant de se reposer. Ça leur apprendra à faire des voyages en Afrique ! Et dès qu’elles seront couchées dans leurs petits lits blancs, nous nous retrouverons pour échanger nos souvenirs d’antan.
— Ça va. À tout à l’heure, Jimmy !
Anthony rejoignit son troupeau. Miss Taylor,...
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