AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


Effectivement, elle [la science de l'Unicité, ou Tawhîd] est la plus élevée des sciences et la plus pure, la plus grande et la plus haute. Comment en serait-il autrement, alors qu'elle porte sur Celui auquel nul n'est semblable (42,11) ? Tous les savants s'accordent à dire que la valeur d'une science dépend de son objet, et donc, vu l'Objet de cette science, il n'y a pas de doute qu'elle est la plus élevée.

Mais ici, c'est la réalisation de l'Unicité propre à l'élite que se rapporte cette sentence de l'auteur [Sayyidī Abū Madyan Shuʻayb], celle qui s'obtient par la contemplation et le constat direct, et non celle [la théologie, le kalâm] qui découle de preuves et de démonstrations rationnelles. Il est vrai que cette seconde sorte de science compte également parmi les plus nobles, mais elle ne dépasse pas le stade de la raison, laisse subsister le voile et, même à son degré limite, ne saurait Le saisir tel qu'Il est : ce n'est donc pas de cela dont veut parler l'auteur.

Il vise bien la réalisation de l'Unicité propre à l'élite, celle à propos de laquelle le maître de cette communauté (tâ'ifa), Abû -l-Hasan al-Shâdhilî, disait : « Nous, nous contemplons Dieu par le regard de la foi et de la certitude, ce qui nous dispense des preuves et des raisonnements. Nous ne voyons aucune créature devant nous. D'ailleurs, existe-t-il autre chose que le Roi, le Réel ? S'il doit y avoir quelque chose, ce n'est qu'une sorte de poussière dans l’atmosphère, et si tu y regardes de plus prés, tu verras qu'il n'y a rien. » Voilà ce dont il est question lorsqu'on parle de réalisation de l'Unicité propre aux gens de Dieu : cela n'a donc rien à voir avec ce que le commun des croyants entend par le mot tawhîd.

Pour le peuple, il s'agit d'une reconnaissance de la grandeur divine, qui emplit le cœur et s’avère ineffable. Le cheikh Hallâj fut questionné au sujet de la doctrine de l'Unicité, au moment même où il allait être exécuté. Voici ce qu'il répondit : « Son plus bas degré est cet état dans lequel vous me voyez. » Qushayrî raconta qu'il a lu l'histoire suivante, écrite de la main du cheikh Abû 'Alî : « Quelqu'un demanda à un soufi :

- Où est Dieu ?

- Malheur à toi ! Il n'y a pas de "où" avec l'Essence ! »

Pour mieux sonder son état, j'ai demandé un jour à un disciple, au moment même où il se trouvait submergé par l'immensité divine : « L'esprit ou le secret le plus profond (sirr) de l'être peuvent-ils embrasser l'immensité divine ?" Il s'étonna de ma question et répondit : « La science de Dieu elle-même ne peut embrasser Son immensité, car celle-ci n'a pas de limite ! » Ses propos m’émerveillèrent et je compris qu'il se trouvait réellement et complétement submergé par l'immensité divine.

En résumé, on peut dire de la réalisation de l'Unicité propre à l'élite ce qu'en a dit Ibn 'Atâ' Allâh dans ses Latâ'if al-minan : « J'ai entendu mon maître, Abû l-'Abbâs al-Mursî, dire que Dieu a des serviteurs qui ont fait disparaître leurs actes dans les Siens, leurs attributs dans les Siens et leur être dans Son Être. Il leur a confié des secrets dont la plupart des saints ne pourraient même pas entendre parler. Ces serviteurs se sont immergés dans l'océan de l'Essence et le courant des Attributs. » Il y'a donc là trois sortes d'extinction : abandonner tes actes pour demeurer avec les Siens, abandonner tes attributs pour demeurer dans les Siens, abandonner ton être pour le Sien.

En conclusion, lorsque Dieu veut combler Son serviteur, Il lui dévoile Son immensité, l'immerge dans Sa contemplation, et l'arrache à lui-même par ce qui vient de Lui. Gloire à Celui qui seul détient l'Unicité et l'Omnipotence : Nul n'est semblable à Lui. Il est Celui qui entend et qui voit (42, 11) (pp. 149-150)
Commenter  J’apprécie          70









{* *}