Un fol espoir
La mer se lasse,
s’endort dans un calme boudeur
le ciel descend,
la pétole.
La nuit mange l’horizon devenue indigo.
Les cormorans se camouflent
dans le tabac du ciel.
Tout est celé, calfeutré, masqué.
Une nouvelle nuit de torpeur.
Le sommeil fuit,
c’est de l’intérieur que tout s’agite en avalant les vagues
les remords, les images, les odeurs de souvenirs défaits.
Tenir encore.
Les premières bouffées de froid blessent les reins,
l’humidité, le froid, le sel,
puisés dans les épreuves
fendent les gerçures.
Les bruits enflent, le vent s’est noué, sournois,
le bateau gîte à nouveau,
avance dans une mer qui disjoncte,
le ciel se disloque, blanc d’écumes.
On ne peut plus réprimer la peur.
La mer se déchaîne dans le silence des hommes,
les femmes et les enfants se serrent,
une psalmodie s’ouvre sur les lèvres des femmes
au rythme de la houle,
amplifie la fièvre
dompte le flot
perce le ciel.