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Citation de AuroraeLibri


Les controverses théologiques, en revanche, touchent peu la masse des chrétiens. Avant la fin du Ve siècle, la conversion des barbares ariens n’est pas à l’ordre du jour. De même, les évêques semblent peu intéressés par les débats sur la nature du Christ qui agitent l’Orient. En 451 cependant, 44 prélats gaulois, réunis au concile d’Arles, souscrivent à la formule de foi énoncée par le pape Léon dans le Tome à Flavien et professent dans le Christ une seule personne en deux natures distinctes. Les Gaulois sont plus intéressés par la controverse, née des écrits de Pélage et d’Augustin, sur le rôle du libre arbitre et de la grâce dans l’œuvre du salut. Dès 429, un concile envoie Germain d’Auxerre et Loup de Troyes en Bretagne pour combattre le pélagianisme. Au contraire, à la même époque, les milieux monastiques du Midi, avec Cassien et Vincent de Lérins, s’élèvent contre la doctrine augustinienne qui rend vains les efforts ascétiques de l’homme non prédestiné. Il y a en effet de quoi décourager les vocations monastiques mais aussi, plus généralement, les efforts des fidèles, quand le débat finit par arriver jusqu’à eux. C’est ce que découvre Fauste, ancien abbé de Lérins devenu évêque de Riez, lorsqu’il apprend, vers 470, qu’un prêtre de son diocèse pousse à l’extrême les idées d’Augustin sur la prédestination. Il faut vite arrêter la contagion : Fauste réussit, non sans peine, à convaincre Lucidus de condamner à la fois ceux qui nient la nécessité de la grâce et ceux qui croient à son caractère sélectif. Puis un concile « de toutes les Églises des Gaules », réuni à Arles par l’évêque Leontius, proclame l’indispensable coopération de la grâce divine et des efforts de l’homme. Ces questions relatives aux conditions du salut troublaient vraisemblablement une grande partie des chrétiens, comme le montrent les inquiétudes dont un certain Paulinus fait part avec angoisse au même Fauste : la pénitence demandée sur le lit de mort est-elle sans valeur ? Les péchés de la chair vouent-ils à l’enfer éternel le chrétien qui n’a pas eu le temps de faire pénitence ? Si oui, quelle est la différence avec les impies ? Le chrétien pécheur ne peut-il expier ses fautes entre la mort et la résurrection (le futur purgatoire) ? Mais Fauste, malgré le canon 11 du concile d’Orange et les directives pontificales, nie toute valeur à la pénitence in extremis : celui qui n’a pas fait la pénitence appropriée est voué aux supplices éternels, gradués selon l’importance des fautes commises, donc encore plus insupportables pour les impies. Entre la mort et la résurrection, ceux qui sont déjà condamnés par leurs vices se préparent au châtiment « dans l’incendie de leur conscience », tandis que les pécheurs ordinaires se préparent au Jugement.

Chapitre 1 - Les premières communautés chrétiennes de la Gaule, des origines au Ve siècle
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