AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de JeanneFrance


Le ralliement de la gauche à la logique du marché et à la mystique de la croissance l’a conduite à croire que l’avènement d’une société plus juste exigeait que les sociétaires soient arrachés à leurs appartenances traditionnelles, qui font obstacle à l’expansion de ce marché, que leurs racines soient éradiquées, que les frontières soient abolies, et le passé relégué dans l’oubli. Cette conviction était déjà au cœur de l’idéologie du progrès, dont la gauche ne s’est jamais défaite, mais a trouvé une impulsion nouvelle dans les exigences d’« efficacité » inhérentes à l’illimitation capitaliste. La priorité a alors été donnée à la dénonciation des inégalités « ontologiques » liées au sexisme, au racisme, au fanatisme religieux, etc., au détriment de toutes les inégalités concrètes qui sont le produit des politiques sociales d’inspiration libérale.
L’égalité est désormais assimilée à la critique des « stéréotypes » et au « dépassement des tabous », tandis que l’exploitation économique est passée sous silence. Les misères sociales ne sont plus interprétées en termes de classe, mais de sociologie victimaire, de déboires individuels ou de catégories identitaires associées à la critique de l’exclusion. L’« exclu » identitaire, le marginal culturel ou sexuel ont remplacé le travailleur et l’ouvrier, tandis que les people remplaçaient le peuple. La justice se réduit à la lutte-contre-toutesles-discriminations et à l’extension tous azimuts du « pour toussisme ». Le « progressisme » s’est en fait d’autant plus facilement rallié au système du marché que le capitalisme a endossé en même temps un programme culturellement libertaire. La droite libérale, de son côté, a procédé à la récupération marchande de la pensée critique en capitalisant sur la décom-position des formes sociales traditionnelles. Ainsi s’est réalisée la grande osmose idéologique de la droite financière qui a trahi la nation et de la gauche « permissive » qui a trahi le peuple. Les deux aspects du libéralisme se rejoignent très logiquement, et en fin de compte, le libéralisme triomphe sur toute la ligne.
Commenter  J’apprécie          120





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}