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Citation de Sachka


Lundi soir [3 janvier 1949]
Maria à Albert

Oh oui ! Toi. Si tu savais comme j’ai de la langueur, de la nostalgie de ta présence et comme je me sens seule ! Ce soir, mon chéri, je voudrais tant pleurer contre toi, avec toi. Je voudrais tant me recroqueviller en toi. Toute petite. Me voilà toute petite et seule sans toi. Et humiliée, affreusement humiliée.
Mais laissons.
La nuit du réveillon, je n’étais pas seule. J’ai passé la soirée jusqu’à minuit et quart chez mon père avec lui et Pitou.
Il y avait la radio. Radio Espagne. Et en attendant les douze coups de l’horloge du ministère de l’Intérieur (Puerta del Sol), nous avons subi un discours de Franco, d’abord, et puis, pour me remettre à bien avec le ciel, La Vie en rose, chantée par Édith Piaf.
J’étais sentimentale, mais heureuse, patiente et bonne, réconciliée. Papa était très fatigué ce soir-là et j’ai fait de mon mieux pour le distraire. Dans tout cela, pas une seconde, tu ne m’as quittée, et lorsque minuit est arrivé je me suis tellement concentrée pour bien vouloir mes vœux que je me suis embrouillée avec mes raisins, et j’en ai mangé seize au lieu de douze, on ne sait pas très bien comment, au grand désespoir de mon père qui craignait pour ma respiration et au milieu des éclats de rire de Mireille et d’Angèle.
Quand j’ai fini, j’avais les yeux pleins de larmes et quelque chose qui les fit tous taire.
Ensuite je suis rentrée dans mes appartements privés avec toi.
Voilà mon réveillon.
...
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