Tel est le sort de tout livre prêté,
Souvent il est perdu, toujours il est gâté ;
Un autre principe, un axiome plutôt, que je tiens à rappeler tout d'abord, c'est celui-ci : on ne lit bien, on ne savoure convenablement et complétement un livre que s'il vous appartient, qu'à condition d'en être l'unique et absolu propriétaire.
Le livre était autrefois le privilège presque exclusif de quelques grands signeurs, de fastueux surintendants ou cossus prébendiers, - des Grolier, des de Thou, des Letellier, des Colbert, Huet, Soubise, La Vallière, Paulmy, etc., - est aujourd'hui et depuis plus d'un siècle, affranchi, de ce pseudo-monopole, et tombé pour ainsi dire, dans le domaine public.
Il a des maîtresses à tous les coins de rue, des filles qu’il couvre d’or ! Sans compter une actrice de Bordeaux qu’il a fait venir, qu’il entretient, qui lui coûte les yeux de la tête ! Il se ruine en diamants et en falbalas pour ces péronnelles, tout ce sérail ! C’est au point que sa femme s’est séparée de lui…
Les filles du peuple pouvaient, à la rigueur, trouver bague à leur doigt, petit vigneron, ouvrier tisserand, trameur ou corsetier ; mais les « demoiselles » de la classe bourgeoise, les maigres héritières de tel ancien inspecteur des postes, tel ex-contrôleur des contributions ou agent voyer principal, de tel capitaine ou chef de bataillon en retraite… Ah ! ce n’était pas chose facile de les pourvoir !
"Monastère sans livres, place de guerre sans vivres" déclare un proverbe de ce temps : Claustrum sine armario, quasi castrum sine armamentario.
Albert CIM / Récréations littéraires / Hachette 1920 [BnF]
« "J’applaudis des deux mains," lit-on dans une lettre de Victor Hugo, mentionnée dans Le Voleur du 28
février 1879 (p.141). "Je voudrais bien savoir, demande le rédacteur en chef de ce journal, comment M.
Victor Hugo s’y prendrait pour applaudir d’une seule main." »
< p.126 >
Il y en a, des bossus, qui ne se doutent pas de leur conformation, qui, par conséquent, ne peuvent jamais avouer… Ah ! n’importe ! Bossue ! Elle que, d’après son portrait, j’avais crue si séduisante ! une perfection ! Non, ça ne se fait pas ! J’ai beau boiter, moi… Si elle n’était que boiteuse, passe encore ! Mais bossue ! bossue !
Parce que, si je vous donne aujourd’hui, il faudra vous donner encore demain et tous les jours que Dieu fasse. Je ne pourrai plus passer dans cette rue sans que vous me poursuiviez… Je ne donne jamais en rue.
En tous cas, il ne fallait pas tourner bride et détaler sans se revoir et se mieux expliquer. Que diantre ! on ne fait pas deux cents lieues pour toucher barre simplement et rebrousser chemin au galop.