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3.64/5 (sur 7 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 23/01/1975
Biographie :

Né le 23 janvier 1975 en banlieue parisiennes, Aldo Qureshi vit dans la Nord de la Nièvre. A publié sur sitaudis.com et dans la revue l'intranquille n°13 et 14.

Source : Atelier de l'agneau
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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
la non-dualité


avec ma femme on a décidé d'arrêter les diminutifs.
Moi de ne plus me faire appeler mon lapin, et elle
ma biche, bibiche, etc. On a décidé de s'appeler tous
les deux dieu. Ça simplifie les entretiens et d'une
certaine façon ça nous met sur un pied d'égalité.
Seulement vous savez ce qu'on dit à propos du naturel.
Et là ça y est elle s'est remise à me donner des ordres.
Elle appelle ça des flux de conscience auto-engendrés.
Le matin elle déboule avec mon planning, elle me dit
de faire ça et ça, me donne des conseils Bien être,
de ne pas manger entre les repas, d'éviter les fritures,
de faire du sport, de dire en partant pense à étendre
le linge et de me faire remarquer que j'ai passé l'âge
de jouer à World of Warcraft. Et quand je fais la liste
des courses elle passe derrière moi, elle raye le pack
de bières, les chips, les Kinder Bueno. Une fois dans
le magasin : bon alors qu'est-ce qu'on achète ? Et elle :
j'en ai marre que ce soit tout le temps moi qui décide
de tout... prends des initiatives
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le cirque-hôtel Majestic


c'est un cirque miteux mais il a un succès considérable
et l'annonce de sa venue lèche le pays comme une traînée
de poudre. Un jour on entend dire qu'il sera bientôt là,
que le village est le prochain sur la liste, et même si on
attend jusqu'à minuit on ne voit rien venir. Le lendemain
le chapiteau est dressé sur la place et ça donne des sueurs
froides parce qu'il n'y a ni affiches ni clowns, ni personnel
appartenant au cirque et qu'aucune publicité n'est faite et
qu'en somme on ne sait pas quelles attractions ce cirque
propose. Mais la curiosité l'emporte et les villageois
viennent s'agglutiner sous le chapiteau. On attend que le
directeur du cirque vienne faire les présentations, mais
il ne vient pas et il n'y a pas d'orchestre, et toujours pas
le moindre clown, et encore moins d'animaux sauvages,
pas même un petit singe pour venir faire patienter les gens.
Mais quelle fièvre alors s'empare du public ! Les yeux
brillent d'excitation, les mâchoires claquent. Les colonnes
vertébrales ondulent nerveusement et les langues se
délient, elles sortent et viennent fouetter la piste. On voit
par moment, quand ce n'est pas encore fait, les nœuds
rouges que les langues forment au fond des gorges,
on les voit se défaire et bouger doucement comme
des vers de terre dérangés dans leur sommeil
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Ajax vitres


elle avait eu si peur,
quand il était entré tout à coup dans la chambre,
que sa tête était devenue du verre. Le même visage,
une fine enveloppe de verre avec du ciel à l’intérieur.
N’importe qui aurait pu demander le divorce, à cause de ça,
mais lui, il était prêt à l’aider, à faire des efforts,
et il lui avait acheté du produit pour les vitres. Et bien sûr –
puisqu’elle avait maintenant du ciel à l’intérieur – il avait
été obligé de le faire lui-même, de lui laver le visage,
de faire lui-même les vitres, et un jour il lui avait brisé
la tête sans faire exprès. Elle avait perdu l’équilibre,
sa tête avait tapé contre le rebord de la table, et elle avait
volé en éclats. Lorsque la tête de sa femme s’était retrouvée
par terre, en mille morceaux, le visage brisé, le nez, les
lèvres en mille morceaux, il était allé chercher la pelle
et la balayette. Il avait balayé les restes du visage
pour que le corps – debout à côté de lui, désorienté,
qui avait du mal à trouver ses repères à présent –
il avait balayé les bouts de verre
pour que le corps ne se blesse pas les pieds
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l'homme de l'Atlantide


je me suis encore fait virer du supermarché.
À cause de mes palmes et des bouteilles d'oxygène.
J'ai eu beau expliquer au vigile
que c'est une question de conscience professionnelle,
que je dois être prêt à plonger à tout moment,
il m'a quand même jeté sur le trottoir.
Quand on a la plongée dans la peau, on doit être prêt,
quoi qu'il arrive, à rejoindre les abîmes. Si je veux
pouvoir un jour m'ébattre en votre compagnie, poulpes,
évoluer parmi les murènes et chevaucher le calamar géant,
je dois rester sur la brèche. Même au lit je garde mes palmes.
Je dors avec mon masque et mes bouteilles, car les abysses
peuvent arriver n'importe quand. Même chez le dentiste
je m'allonge en gardant mon matériel.
Enlevez au moins votre masque,
dit le dentiste, et moi : je ne peux pas,
les abîmes peuvent arriver à n'importe quel moment.
Même si les gens se moquent de moi,
même si on ne peut pas vraiment parler
de récifs coralliens – ici, dans cette ville –
et que la seule murène du coin travaille chez Carrefour,
moi, en tout cas,
je suis prêt
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la graisse au sens large


l'immeuble s'est effondré il y a un an mais nous
préférons continuer à passer l'aspirateur dans les
gravats. Quand les voisins font trop de bruit nous
tapons dans le vide, sur les murs virtuels que nous
avons inventés pour délimiter les appartements.
Ces murs virtuels, sans eux, c'est la rue qui nous
pend au nez. Et quand je dis la rue, je veux dire le
trottoir, les grilles du métro, le regard des passants.
Ce studio, c'était toute ma vie, c'était mon cocon de
guérison. Quand je rentrais du travail je me ressourçais
rien qu'en regardant le canapé. Aujourd'hui quand
je vois les jambes cassées du tabouret, mes yeux
s'accompagnent de fortes pluies. Je lave les parpaings
qui correspondent à mes anciens murs tandis que je
sens dans mon dos les yeux de tous ces regardeurs
insolents qui pullulent sur les trottoirs. L'autre jour
un type s'est arrêté pour me regarder faire le ménage :
Monsieur, vous voyez bien que ça ne sert à rien de
passer la serpillère. Et moi : Vous ne pouvez pas
me voir. Il y a le mur virtuel
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phénomènes glissants


nous avons fini par nous faire mettre à la porte.
Et comme nous continuons de rôder sous les remparts,
et parce qu’ils trouvent que ça ne va pas assez vite,
les gardes pour nous chasser nous jettent les têtes de nos amis,
de nos frères et de nos sœurs. De sorte que nous sommes
obligés d’aller vivre dans la forêt. Mais les bêtes sauvages
finissent par nous chasser, elles aussi, et comme nous n’avons
plus ni frères ni sœurs ni amis, elles nous lancent les têtes
de nos parents. Après quoi, nous nous installons en banlieue,
et là encore on nous rejette. Et comme nous sommes
à court de parents, on nous jette des têtes de chiens.
Ce qui nous oblige à déménager dans une autre banlieue,
encore pire que la précédente. Et comme nous n’avons
plus ni chiens ni parents, on nous jette des têtes de souris.
À chaque fois qu’on nous fout à la porte,
c’est une banlieue encore plus miteuse qui nous attend.
Et à chaque nouvelle expulsion les projectiles s’affaiblissent.
On finit par nous jeter des têtes de blattes. Si bien que
sans nous en rendre compte nous souffrons de moins en moins.
Nous vivons dans des lieux toujours plus minables,
rejetés par des êtres toujours plus disgracieux et hostiles,
mais nous souffrons de moins en moins
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