Quant à l’auto-réduction dans les restaurants, elle était devenue une pratique de groupe spontanée et diffuse. On la pratiquait par groupes plus ou moins nombreux – en deçà d’un certain nombre, on risquait d’être coincés par le patron et les serveurs –, parfois après une réunion ou en fin de semaine. C’était une pratique de lutte politique qui permettait aussi à des fauchés de goûter à la gastronomie. À part quelques bousculades, il n’y avait pas de violence, le nombre et la détermination, entre le sérieux et la blague, suffisaient pour que les restaurateurs nous laissassent partir sans payer, probablement dans la crainte d’une ardoise encore plus salée.