Alexandra Anosova-Shahrezaie

Un escalier dans ma tête...



Un escalier dans ma tête
Moi planté au milieu
C'est là que ma vie s'arrête
Comme un train de banlieue
Le souvenir d'un rêve
Ou rêve d'un souvenir
Les routiers sont en grève
Je n'ai plus d'avenir
Tu descends et je monte
On s'arrête sans raison
Je connais de la honte
Toutes les déclinaisons
Si tu pouvais m'entendre
L'on mettrait de côté
La phobie de descendre
La folie de monter
Comme le temps s'en balance
De nos façons d'aimer
Qu'elle est belle, l'innocence
Morte en nous a jamais

Avec ces chemises blanches…



Avec ces chemises blanches
Avec cette peau mordue de soleil
Avec ce flacon de parfum oublié
Sur une étagère ou une autre
Qui sent la terreur de la joie
Une fois retrouvé
Avec cette musique à danser
Et la musique à se foutre en l'air
Avec la musique dans l'âme
Inachevée
Avec ces pattes d'oie
Et cette honte qui y demeure
Parfaitement
Avec l'envie folle de n'importe quoi
Avec ces crises de nerfs
Quand ce n'est pas possible
À l'instant
Avec "emmenez-moi" qui finit en "aaa"
Avec "La bohème" jusqu'à six heures du matin
(-Dis- donc t'arrêtes de chialer comme ça ?
-Et toi ?
-Et moi je vais bien")...
Avec ce sourire narquois
Agissant comme un poignard aiguisé
Qui prend le monde
Pour de la margarine molle
Et qui n'a pas complètement tort
Et pour cause...
Avec ces yeux plissés
À la forme légèrement animale
Qui déshabillent la douleur
Avec ce rêve opaque
Avec ces vols arrêtés
Avec cette enfance déchue
Avec cette rage divine
Avec ces flashs
…

Que vas tu faire maintenant
Que vas tu faire maintenant
Si je te le
Demandais ?

Où va-t-elle, la petite bête
  
  
  
  
Où va-t-elle, la petite bête
Finir son voyage dérapé
Dans son paysage qui confond
La vie à la vie
La vie à l'éternité
L'éternité à l'instant
Des joies à des proverbes
Et des scènes de crime ordinaire
À des centimes d'euro
Aime-t-elle les côtes de porc à la moutarde ?
N'a-t-elle pas des yeux trop cernés
D'avoir tant dormi pour rien ?

Où va-t-elle, la petite bête
De son allure toute exténuée
S'évanouir sans bruit
Au cœur des choses
Qui en ont un
À battre
À abattre la petite bête
(Faut bien que ça sert à quelque chose
Quand c'est trop serré)
C'est là que je veux vivre
Moi
Qui ne croit ni en enfer ni au paradis
Mais en cet endroit possible
Où finit
La petite bête inachevée
Sans jamais finir vraiment
Quoi que ce soit

L'infinie petite bête
L'infini voyage
L'infini adresse