AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de hcdahlem


« Lierre inventait des jeux vidéo, Rose dirigeait une galerie d’art dans le nouveau quartier branché de Chevaleret. Ils avaient vingt-cinq ans, ils n’avaient pas de temps à accorder à leur bébé. Un mois après l’accouchement, la jeune mère reprit son travail et confia la petite à sa mère, qui habitait une ruine somptueuse à Fontainebleau.
– Tu es sûre que c’est une bonne idée ? lui demanda Lierre.
– C’est là que j’ai grandi, élevée par ma mère, répondit Rose.
– La maison et la mère s’effondraient moins à l’époque.
– Je souhaite à ma fille une enfance aussi féerique que la mienne.
La mère de Rose s’appelait Passerose, autre nom de la rose trémière. Elle s’éprit de sa petite-fille au premier regard :
– Je ne pensais pas qu’il était possible d’être encore plus belle que Rose, dit-elle à l’enfançonne.
Personne ne connaissait l’âge de Passerose. Cette ignorance renforçait l’idée qu’elle venait d’une époque radicalement autre, où les papiers d’identité n’existaient pas et où les filles de seize ans hésitaient entre les carrières de fée ou de sorcière. Passerose semblait ne pas avoir choisi qui tenait autant de la sorcière que de la fée.
Rose n’avait jamais connu son père, ni même su son nom. Quand elle interrogeait sa mère à ce sujet, elle n’obtenait pas d’autre réponse que :
– Je l’aimais. Il est mort à la guerre.
– Quelle guerre ? Les Français ne faisaient pas la guerre au temps de ma naissance.
– Les Français font toujours la guerre quelque part.
– Parle-moi de lui.
– Je ne peux pas. C’était un trop grand amour.
Parfois, Rose soupçonnait Passerose de l’avoir inventé. Il n’en demeurait pas moins qu’elles habitaient un palais qui leur avait été légué par ce père et dont la propriété ne leur fut jamais contestée. » (p. 36-38)
Commenter  J’apprécie          50





Ont apprécié cette citation (3)voir plus




{* *}