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Citation de Nieva


Il n'est pourtant pas aisé, ce premier pas. Mais lorsqu'il est accompli, cela va presque de soi. Quand j'ai tiré sur la natte épaisse de sa mère la première fois, quand je lui ai cogné le visage contre la table (bruit étrange, presque obscène de la chair et de l'os contre la table), j'ai été le premier surpris. C'était la première fois que j'usais de violence contre quelqu'un. À plus forte raison contre quelqu'un qui ressemblait à une petite fille déguisée en femme, une petite fille joueuse et câline que j'aimais. Cette colère et cette violence m'étaient totalement inattendues. Je l'ai aussitôt regretté et je l'ai consolée en la prenant sur mes genoux, comme une petite fille.

Le regret est sincère, oh ! oui. Mais après, rien ne change : les erreurs se reproduisent, se répètent et finissent par éroder toute tentation de modération. Cet acte de violence si difficile (autant pour celui qui le commet que pour celui qui le reçoit) n'aboutit à rien. Le remords exprimé en dilue la signification, l'annule et le contredit.

Bien sûr, après avoir frappé quelqu'un qu'on aime, il est normal d'avoir envie de se faire pardonner. Normal d'apaiser la peau rougie et enflammée par une caresse, par un baiser. Mais l'autre alors se sent plus fort et pense que ces excuses sont une reconnaissance de dette. Mes regrets ne signifiaient pas que je jugeais la violence excessive. Ils n'étaient qu'une manière de lui dire que, malgré la colère qu'elle avait provoquée, je l'aimais quand même. Je voulais ainsi lui dire : « je te pardonne tes bêtises ». Elle comprenait : « je n'aurais pas dû te frapper pour si peu de chose ». Nous étions à des pôles l'un de l'autre. Elle s'est obstinée à ne pas comprendre.
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