Dans ce pays – on m’appelle « pays », mais je suis un archipel, ils ne savent pas combien je suis immense et ancienne, combien ils auraient pu puiser en moi une belle fierté au lieu de s’accrocher à d’anciennes fictions d’allégeances -, dans ce pays qui se développe si vite qu’il est montré en exemple dans la région, on s’occupe bien du bétail. On en prend soin. On le caresse dans le sens du poil pour mieux le traire. Son lait est doux, crémeux et abondant. Après, on lui fait miroiter une pension de vieillesse sans lui donner le temps de comprendre qu’il finira à l’abattoir bien avant.