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Citation de Picolaine


Un vent léger balaye avec la poussière de la chaussée les graines ailées des platanes et les brins de foin échappés à la bouche des chevaux. Ce n’est rien que cette poussière, mais en la voyant s’envoler, je me rappelle que dans mon enfance je regardais tourbillonner une poussière pareille ; et mon âme de vieux Parisien en est tout émue. Tout ce que je découvre de ma fenêtre, cet horizon qui s’étend à ma gauche jusqu’aux collines de Chaillot et qui me laisse apercevoir l’Arc de Triomphe comme un dé de pierre, la Seine, fleuve de gloire, et ses ponts, les tilleuls de la terrasse des Tuileries, le Louvre de la Renaissance, ciselé comme un joyau ; à ma droite, du côté du Pont-Neuf, pons Lutetiæ Novus dictus, comme on lit sur les anciennes estampes, le vieux et vénérable Paris avec ses tours et ses flèches, tout cela c’est ma vie, c’est moi-même, et je ne serais rien sans ces choses qui se reflètent en moi avec les mille nuances de ma pensée et m’inspirent et m’animent. C’est pourquoi j’aime Paris d’un immense amour.
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