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Citation de enkidu_


Le pays et les hommes qu’Abdar Rahman [émir de Cordoue, 822-852] va gouverner sont bien différents de ceux des premières années du règne de son père. En peu d’années les conversions à l’islam se sont multipliées, et, surtout, l’assimilation se fait maintenant très rapidement, au point que beaucoup de chrétiens ne s’expriment plus que dans la langue des vainqueurs (…) cette rapide assimilation, cette adoption des goûts et des habitudes des musulmans n’étaient pas du goût des autorités chrétiennes, loin de là. L’ignorance du latin, la langue de l’Église, était telle que l’archevêque de Séville fit traduire la Bible en arabe afin que les chrétiens puissent la lire.
(…)
Cette arabisation des chrétiens ne pouvait manquer de provoquer des réactions chez les chrétiens les plus attachés à leur religion. Voyant leur troupeau s’amenuiser, la culture et les meurs arabes remplacer celles de leurs héritage chrétien et romain : les évêques mettaient souvent en garde leurs ouailles contre cette croyance et cette morale inspirée par Satan. Leur colère était d’autant plus grande que leurs connaissances de l’islam étaient inexistantes. Ils se bornaient à répéter les fables colportées dans les milieux populaires chrétiens sur Mohammed et la religion musulmane, sans prendre la peine d’aller aux sources, qu’ils avaient à portée de main. « Cet ennemi de notre Sauveur, disait Alvaro en parlant de Mohammed, a consacré le sixième jour de la semaine à la bonne chère et à la débauche… Le Christ a prêché le mariage, lui le divorce ; le Christ a recommandé la sobriété et le jeûne, lui les festins et les plaisirs de la table… » Et ainsi de suite.

L’émotion suscitée chez les chrétiens par cette propagande eut pour principale résultat, outre de violentes querelles entre musulmans et chrétiens, d’inspirer aux plus fanatiques des chrétiens mozarabes le désir de montrer qu’ils étaient prêts à donner leur vie pour prouver la grandeur de leur religion et l’infamie de l’islam. Sous l’influence de vieux chrétiens exaltés, en tête le prêtre Euloge et Alvaro, un laïc, des chrétiens insultaient volontairement le Prophète et l’islam, faisaient irruption avec fracas dans les mosquées uniquement pour être dénoncés, arrêtés et suppliciés. « Ceux-là entreront dans la béatitude des élus qui s’offrent volontairement au martyre », répétait Euloge. (pp. 71-74)
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