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Citation de Iboo


Iboo
27 février 2015
Je n'ai jamais trouvé vulgaire ce goût qu'a Madeleine pour la romance. Je ne comprends pas que ce goût soit si vif, comme je ne comprends pas son exaltation au cinéma. Mais elle y met une telle spontanéité que je crois que cela correspond à quelque chose d'intérieur chez elle.
Ce n'est pas de la sentimentalité. Elle ne goûte pas tellement la chanson elle-même, ou le film, que l'état de disponibilité où ils la mettent, un peu comme le ferait l'alcool. Cela appartient à cette part de son être que je n'atteins pas. Ce goût n'est pas vulgaire mais il a besoin d'un autre milieu que le mien pour s'épanouir.
Madeleine vit plus intensément dans un restaurant comme celui de Kouri, ou dans la rue, parmi les mineurs, qu'à la maison. Elle a conservé de son milieu ouvrier un étonnant instinct d'imprudence, la liberté de jouer son va-tout à l'instant, parce que possédant peu ou rien. C'est un terrain où je ne peux la suivre avec naturel. D'une famille de petits bourgeois, je n'ai pas d'inclination pour les départs subits, les mains vides, et sans but. Le risque, pour moi, n'est pas nécessairement total. J'ai le sens de la mesure, une qualité qui ne séduit aucunement Madeleine, qui lui apparaît un peu comme de l'avarice.
L'animal en liberté n'amasse pas, ne tient à rien qu'à sa nourriture du moment. Madeleine de même. Pour employer un mot qui amènerait un sourire dédaigneux sur ses lèvres, elle sera toujours prolétaire. C'est à l'instant même qu'il lui importe d'être satisfaite, non pas dans un avenir problématique. Je l'ai aimée à cause de cela surtout, dangereusement peut-être. Elle était pour moi tout l'exotisme.
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