Quand l’avion amorça sa descente, les souvenirs commencèrent à me harceler. Des souvenirs que j’avais essayé d’oublier pendant pas mal d’années. J’avais vécu ici le dernier été de mon existence. Après, tout était devenu automnal. Du vert, je suis passé aux couleurs de transition, aux nuances de la mort.
Celles du Viêt-nam.
D’ocre rivières boueuses. Des sacs mortuaires vert bouteille. Des cendres noires à la place des arbres et des villages. Des visages gris aux yeux blancs attendant d’être emballés dans des housses et renvoyés au pays pour y être enterrés.
Telles étaient les couleurs de ma vie depuis cet été-là. En 1963.
Il y avait très longtemps de ça.