Ne perdons pas de vue que l'Europe vient d'échapper à un péril qui eût compromis l'intégrité spirituelle de sa personnalité. Unifiée sous la domination germanique, elle eût vu nouées en un faisceau offensif les forces qui, dispersées, faisaient sa faiblesse, mais avaient maintenu sa féconde, quoique dangereuse diversité. Comme la Macédoine a conduit la Grèce entière à une guerre de revanche et de conquête en Asie, la direction militaire d'un Hitler eût décuplé la puissance du continent, l'eût rendu vraisemblablement maître du monde. À ce jeu l'hellénisme avait perdu sa pureté : l'Europe eût perdu son âme.