Personne ne parlait de l'épidémie quand elle était finie mais chacun portait sa propre douleur, faisant comme si personne n'était mort. Je me sentais comme si j'étais en train de faire du patin sur une mince couche de glace et que, si quelqu'un me demandait " comment va la famille?", la glace se fendrait.
Les gens disaient " la vie continue" . Parfois ca sonnait comme un souhait, parfois comme un ordre. Je voulais crier " la vie continue ? Non, pas pour tout le monde ! "
Mais quand ma soeur Betty annonca qu'elle était à nouveau enceinte, là, oui, la vie continua.
(p. 177) (Anita a perdu deux neveux, fils de Betty, dans l'épidémie de grippe de 1918).