De son vivant même, les biographes ne lui ont pas manqué et des plumes plus expertes que la mienne ont écrit à son sujet des pages pleines de couleur et d'intérêt. Quelque consciencieux talent que d'aucuns y aient déployé, pourquoi Rosa Bonheur refusa-t-elle de se reconnaître pleinement dans le portrait qu'ils ont tracé d'elle ?
Apparemment, parce que leurs auteurs n'avaient pas su pénétrer au plus profond de sa pensée et qu'elle n'avait jamais pu se résoudre à la leur révéler entière, alors même qu'elle s'efforçait de satisfaire le plus complètement à leur curiosité. Cette réserve instinctive n'existait pas pour une femme dont l'affection et le dévouement lui étaient acquis, avec laquelle elle se sentait en étroite communion de sentiments.