Anne Case

Ce livre est intéressant, mais décevant, non entièrement de la faute de l'auteur, mais parce que la quatrième de couverture en promet trop. A la lire, on s'attend en effet à une analyse globale de la manière dont le capitalisme américain engendre la pauvreté, et sur ses conséquences.

Or l'ouvrage traite en réalité principalement et presque uniquement des défauts du système de santé; les critiques qu'il lui adresse sont opportunes et bien documentés; mais le vrai sujet du livre est l'économie de la santé, et les analyses à ce sujet sont un peu arides pour un non-spécialiste. J'avoue d'ailleurs ne pas avoir terminé sa lecture.

En outre, après avoir pointé les défauts de l'organisation du système de santé américain, et constaté qu'ils sont liés à un mode d'organisation et de financement fondé sur le profit, les auteurs excluent cependant toute remise en cause en profondeur de cette organisation. Il rejettent en particulier les systèmes universels plus ou moins étatisés que nous connaissons en Europe, et semblent opposés à la taxation des plus riches.

Ils se déclarent d'ailleurs expressément partisans u capitalisme.

je laisserai le mot de la fin à Bossuet:

"Dieu rit de ceux qui déplorent les conséquences dont ils chérissent les causes"

Par ailleurs les auteurs se focalisent sur les inégalités afférentes au niveau d'études; ils ont raison. Mais le niveau d'études n'est en grande partie qu'une cause seconde, dont la cause première réside dans les inégalités existant entre les familles au départ, et corrélativement dans le capital hérité.

Il faut reconnaitre que ce problème n'est pas non plus réglé dans notre pays; notre système social parvient néanmoins à en amortir certains effets, et ces amortissements n'existent pas Outre-Altantiquee

Livre extrêmement construit, avec force tableaux et chiffres... et une grande modestie devant la complexité du problème. Les auteurs s'intéressent au déclassement de la classe ouvrière blanche américaine à cause des morts dues aux trois fléaux : drogue, alcoolisme et suicide. Cela n'a rien à voir avec les habituels prêchi-prêcha du politiquement correct : economico-sociologique. Pas encourageant car cela va nous arriver bientôt.

Dans « Morts de désespoir. L’avenir du capitalisme », Angus Deaton, « prix Nobel » d’économie 2015, décrit l’abîme qui s’est creusé entre les diplômés et les non-diplômés aux Etats-Unis.
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