Une comédie humaine finlandaise...
J'aime beaucoup les romans d'Arto Paasilinna : ils mettent souvent en scène des personnages originaux tout à fait attachants.
C'est le cas ici : le personnage principal, Gunnar Huttunen, s'installe dans un petit village après la deuxième guerre mondiale et restaure un moulin ; il éprouve le besoin singulier de hurler de temps à autre en forêt au cours de la nuit ; il imite à la perfection les animaux ; et puis il frémit de passion pour la conseillère horticole du village, la délicieuse et pimpante Sanelma Käyramö.
J'ai apprécié ce personnage pittoresque, j'aurais voulu voir son amour couronné de succès...
Mais la comédie se transforme en satire sociale virulente qui fustige le conformisme, l'intolérance et l'arbitraire : les habitants du village, qui ne goûtent pas ce comportement singulier, obtiennent de leur médecin à l'esprit étroit que Gunnar soit déclaré fou et interné dans un asile psychiatrique !
Le réquisitoire contre le fonctionnement de ce type d'institution il y a une soixantaine d'années est sans appel : un docteur à la tête de l'asile qui jouit d'un pouvoir absolu, des infirmiers brutaux et tyranniques, des malades que la camisole chimique détruit inexorablement...
Rappelons que, dans un certain nombre de pays pas forcément éloignés du nôtre, ce type d'institution continue à fonctionner de cette manière et qu'on y interne délibérément homosexuels et autres "déviants" sans aucun recours.
Gunnar s'évade et revient au village, incapable de vivre loin de celle qu'il aime. Il est dépouillé, poursuivi; harcelé... J'ai éprouvé une immense sympathie pour ce personnage victime de persécutions aussi systématiques qu'injustes.
Quant à la fin... Je n'en dirai pas plus.
Ce "Meunier hurlant" s'avère profondément émouvant.
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Gunnar Huttunen avait tout pour s'intégrer parfaitement dès son arrivée.
D'un abord avenant, il pratiquait également des tarifs défiant toute concurrence pour qui désirait s'assurer les services de son moulin fraîchement restauré. Bien sûr il pouvait se montrer lunatique mais dans l'ensemble, c'était vraiment le bon gars. Célibataire, il se serait bien vu réchauffer la couette et la couenne de la nouvelle conseillère rurale Sanelma Käyrämö.
Sympathique, travailleur, amoureux, Gunnar n'avait qu'un seul défaut, il adorait hurler à la mort dans les bois à la moindre contrariété, réveillant ainsi tous les clébards du coin qui, à leur tour, ne se sentaient plus de lui répondre toute la nuit.
Le villageois a beau être tolérant, passées deux trois nuits blanches, son seuil s'en ressent méchamment. C'est sans état d'âme aucun qu'ils dépossédèrent le meunier de son gagne-pain, allant même jusqu'à lui payer, dans un ultime élan de générosité totalement désintéressé, des vacances bien méritées à l'asile le plus proche…
Complètement loufoque et décalé, Le Meunier Hurlant séduit de suite.
La personnalité atypique de son anti-héros attachant y participe activement. Un pauvre gars qui ne fait de mal à personne sinon casser les oreilles des croquantes et des croquants et sur qui l'on décide de s'acharner en lui prêtant mille maux, c'est pas très très beaucoup gentil je trouve.
A ce moment-là, pourquoi ne pas foutre en taule les Dion, Carey et autres pseudos divas au prétexte de nous fracasser régulièrement les tympans ?
Pour la pétition, c'est ici :
Lâche-moi l'acouphène.com !
D'une plume alerte et grinçante, Paasilinna soulève la problématique de l'acceptation de l'autre pour peu que ce dernier ne soit pas représentatif de la norme préalablement établie. Les tribulations de cet être discordant noyé en une nature salvatrice, autre élément incontournable de ce récit, promettent quelques belles heures de lecture tout en suscitant le débat. Rien de vain en ces temps chargés d'ostracisation profonde. Engagez-vous dans la Marine qu'y disaient...
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Arto Paasilinna est un conteur hors pair. Après la guerre, Gunnar Huttunen, venu du Sud de la Finlande, s'installe dans un petit village du nord ; il y achète un moulin à eau qu'il retapera au fil des ans dans le but d'exercer le métier de meunier. En attendant, pour subsister, il fabrique des tuiles en bois pour recouvrir les toits des maisons du village. Gunnar est très gentil et serviable tant qu'on ne l'énerve pas mais, dans l'affirmative il perd tout contrôle et aussi ... certaines nuits il hurle comme un loup et tous les chiens des villages avoisinants lui répondent, résultat : plus personne ne dort. À cause de cela, Gunnar est différent et cette différence les villageois ne l'accepte pas, ils le traitent de fou et décident de l'envoyer à l'asile.
Une histoire à lire !
J'admire Arto Paasilinna qui tout en racontant, de sa belle écriture, une histoire commune dénonce les faits et méfaits de la société telle que l'intolérance à la différence et le fait qu'une fois lancée la machine de la répression, personne ne veut faire marche arrière.
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C'est un peu de folie dans une société trop bien huilée que l'on trouve dans des romans de Paasilinna. Ici, c'est un meunier-charpentier qui ne ménage pas sa peine pour rénover le moulin qu'il vient d'acheter.
Mais l'habilité de ses mains n'a d'égal que son penchant pour les vocalises tel un chanteur de Heavy Metal avant l'heure. Hurler est sa passion, il ne peut pas s'en empêcher, même la nuit au grand désespoir des voisins!
Ce serait un contexte d'après guerre enfin tranquille s'il n'y avait pas ce trublion. Cette guerre avait opposé les Finlandais d'abord aux Russes puis aux Nazis.
Trublion qui doit se réfugier dans la nature s'il ne veut pas être interné par des villageois pas toujours honnêtes et surtout, parfois, aussi fous que lui.
L'histoire peut paraître loufoque mais s'il y a un message, il pourrait se rapprocher de la chanson de Brassens "La mauvaise réputation":
"J'ai mauvaise réputation ;
Que je me démène ou je reste coi,
Je pass' pour un je-ne-sais-quoi.
Je ne fais pourtant de tort à personne,
En suivant mon ch'min de petit bonhomme ;
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux…
Non, les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux…
Tout le monde médit de moi,
Sauf les muets, ça va de soi. "
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Finlande, un roman qui ressemble un conte, un ton humoristique pour une tragique histoire de société.
Il s'agit d'un homme qui s'installe dans un petit village. Il est sympathique, habile et il travaille fort. Il ne veut que faire le bien et oublier ses malheurs. Mais en plus de son indépendance d'esprit, il possède un gros défaut, il hurle la nuit. Et ça dérange…
Et que fait-on avec un homme qui dérange? On doit trouver des façons de l'exclure et peut-être en profiter pour s'approprier ses biens.
J'aime beaucoup l'écriture particulière d'Arto Paasilinna et avouons-le, il m'arrive parfois aussi d'avoir envie de hurler dans la nuit!
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Un petit détour par la littérature scandinave, finlandaise précisément et pour une découverte qui fut un coup de cœur.
Un meunier retape le moulin du village mais il a un défaut, il hurle comme un loup chaque fois que ça ne va pas, qu'il est angoissé ou contrarié. Ca ne plait pas du tout aux villageois qui veulent l'envoyer en hôpital psychiatrique, puisque c'est un marginal, donc un fou... Heureusement il sera aidé par une jeune femme qui va l'aimer malgré son défaut.
Cela pourrait être un simple roman d'amour mais on comprend vite que le personnage principal, c'est la nature finlandaise. Les descriptions sont magnifiques et on entre peu à peu dans la tête de ce personnage singulier qui essaye de survivre face aux gens normaux qui sont finalement plus fous que lui.
C'est toute une galerie de portraits, un satire de la société finlandaise d'après-guerre, teintée d'humour et un voyage dans un pays original et dans une prose de qualité.
Un film est sorti récemment et il reprend bien l'esprit onirique du roman, joué magistralement par de très bons acteurs, même s'il est transposé dans le sud.
Un roman à recommander
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Un joli conte où un meunier plein de qualités n'a qu'un défaut: hurler de temps en temps ... Au village, sans prétention il a mauvaise réputation. Il ne fait pourtant de tort à personne en hurlant,ce beau jeune homme (air connu ! ). On le harcèle donc pour l'amener à l'asile alors qu'on rêve pour lui à une vie avec ceux qui sont ses amis. Il est toujours aussi plaisant de suivre Arto Paasilinna dans ses histoires de personnages courageux mais atypiques.
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Sous des dehors de conte léger venu du froid, Arto Paasilinna aborde un sujet de société où les marginaux n'ont pas leurs places. Comment Gunnar Huttunen, meunier de son état, qui a la fâcheuse habitude de hurler quand bon lui semble et d'imiter ses congénères, se fait taguer de fou et exclure petit à petit de son village.
Un très bon moment !
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A la manière de Zola ou Pagnol, Paasilinna nous emmène dans la Finlande profonde de l'après guerre. Nanar dérange?, on le fera interner.
Ces personnages m'ont touché, ses rares amis ainsi que l'amour avec la conseillère agricole, amour non consommé, d'autant plus fort qu'il reste plein de promesses!
J'ai aimé le style, chaque phrase est utile, il décrit succinctement mais si bien les hommes, la nature, les moustiques, la construction d'une cabane.
Extraordinaire, aussi, cet ermite forcé qui, reclus au fin-fond des bois, s'arrange pour recevoir le journal!
Jusqu'au bout, on espère une fin pas trop triste et on est pas déçu:-)
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J'en ai parlé dans ma critique de "la forêt des renards pendus" du même auteur, c'est probablement un des meilleurs romans de l'auteur, à mon avis.
Celui-ci ne m'a pas vraiment fait rire, même si l'humour est un ingrédient de base dans les romans de Paasilinna. Ici il sait s’effacer pour révéler une intrigue un peu plus émouvante avec des personnages toujours très attachants.
Roman original et riche, il a su m'emmener loin dans le nord de la Finlande, alors que j'étais "confortablement" assise sur un strapontin du métro parisien. Merci Arto Paasilinna!
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J'ai beaucoup aimé ce livre qui hurle contre la société actuelle : du moment que tu ne rentres pas dans le moule, tu es tout de suite mis à part !
Ce pauvre meunier ne faisait que hurler son désespoir, et parce qu'il différait sur ce point, le village l'a exclu !
Le préfet a dit une phrase qui m'a interloquée :
Non. C'est impensable. On peut amnistier un criminel, cela ne pose pas de problème, mais comment amnistier un débile mental ?
Paassilinna nous dépeint bien la place des fous dans la société d'après-guerre et il valait mieux être un assassin qu'un fou malheureusement...
Pour ce qui est de la fin :
Un joli message d'amitié même si la fin est un peu déconcertante !
Le loup et le spitz sont-ils les "réincarnations"/'esprits-vengeurs" des deux hommes qui ont dû fuir ?
Puisqu'ils s'attaquent aux villageois qui ont fait du mal au meunier ?
Je me demande ce qu'il en est de ces deux hommes... Le loup qu'on entend est-il Huttunen ou un véritable loup qui a pris comme compagnon le spitz-loup du gardien de la paix ?
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J'ai vu à divers endroits que ce livre se retrouvait dans la catégorie « humour » et je n'y souscrit pas vraiment. On sourit parfois mais sous des dehors bonhomme ce livre dénonce l’intransigeance envers la marginalité, si peu dangereuse puisse-t-elle être. Vrai que ce meunier est original, a un caractère de chien, fluctuant d'un extrême à l'autre et refuse d'écouter les mises-en-garde que lui font ses concitoyens peu après son arrivée. Par contre on découvre là un habile charpentier au passé irréprochable, avec des plans bien pensés pour l'avenir et n'ayant a priori aucune mauvaise intention. Mais l'incompréhension s'installe et la petite bourgeoisie du coin, qui par méchanceté pure, par lâcheté ou par calcul, se met en tête de se débarrasser du fauteur de trouble.
Et s'appuyant sur un système psychiatrique totalement incompétent, la complicité d'un conseil de tutelle et une mauvaise foi généralisée des villageois, on parvient à faire vivre l'enfer au meunier devenu fugitif par la force des choses. Celui-ci s'en tire quand même assez bien avec l'aide d'une étonnante dulcinée et de quelque gens du peuple plus ouverts d'esprit. Le portrait qu'esquisse l'auteur du système étatique est assez caustique et l'hypocrisie des gens en autorité est mise en évidence. Tout cela sur un ton quand même léger et avec une finale aussi jouissive qu’inattendue. Bref j'ai bien aimé et il me tarde de reprendre contact avec cet auteur que je découvrais avec son meunier.
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Un homme particulier qui hurle dans la forêt quand il ressent le besoin...La population ne peut l'admettre. Un livre sur la différence.
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Gunnar Huttunen retape un vieux moulin au nord de la Finlande. Très proche de la nature, il sait imiter les animaux et parfois même hurle comme un loup. Catalogué comme fou, il est envoyé à l’asile, parvient à s’échapper, puis doit fuir pour qu’on ne l’y remette pas. La fin du roman est à la hauteur ; une autre nous aurait déçus. Très bien écrit, le livre se lit d’un trait. Le personnage principal est peu à peu ferré dans le piège du regard des autres, qui vont travestir tous ses actes en leur donnant l’apparence de conduites insensées, parce que Gunnar gêne, il n’est pas dans la norme, pas dans la leur en tout cas (celle des villageois), et ce côté animal de lui (celui que l’humain réfrène au nom de la société, ce côté instinctif, cette façon de montrer ses sentiments ou d’agir sur l’impulsion du moment) dérange au nom du « bon sens ». Il y a là bien deux « esprits » qui s’opposent, deux façons d’habiter le monde : la cohabitation avec la nature ou l’immersion (le « faisant partie de »).
Très bon roman en bref, qui donne envie de découvrir les autres œuvres de l’auteur.
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Brassens a chanté « Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux…. »
Ce roman d’Arto Pasilinna nous illustre une fois de plus cet adage.
Gunnar Huttunen rachète un moulin dans un petit village au Nord de la Finlande.
Son arrivée est vue d’un bon œil par la communauté, il est bon que ce moulin tourne et qu’il rende service à la communauté.
Très vite cependant, tout le monde le trouve un peu singulier, il hurle à la lune.
A de rares exceptions amicales ou amoureuses, il se met à dos tout le village qui cherche à le faire enfermer dans un asile.
S’en suit alors une longue lutte du bonhomme pour sa liberté, sa survie, c’est la lutte de l’intelligence, de l’amour, de la sensibilité contre la bêtise ordinaire qui s’avère parfois d’une férocité inhumaine.
Caustique et déjanté, ce roman est également une fable, un plaidoyer en faveur de la différence et on ne saurait trop remercier son auteur pour cette leçon d’humanité.
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Une bonne surprise !
L'auteur finlandais met le doigt sur une vérité qui dérange. A cette époque, les années après la deuxième guerre mondiale, les personnes qui sortent de l'ordinaire, qui ne se conforment pas à la société, qui dérangent sont écartées et internées sous le prétexte de la folie. C'est ce qui arrive à ce pauvre meunier, qui s'est battu pour son pays mais qui a trouvé un moyen de lutter contre son mal-être : hurler dans la forêt !
Heureusement, il a des alliés mais l'obstination des gens de son village va lui gâcher la vie. Ils vont carrément le mettre sous tutelle. Il se retrouvera sans aucun droit. Son argent, son moulin vont lui être confisqués , ce qui l'oblige à prendre la fuite.
J'ai bien aimé ce roman, j'ai éprouvé de l'empathie pour ce personnage; néanmoins j'aurais voulu une autre fin.
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Féroce critique des villageois finlandais peu après la 2e guerre mondiale que Paasilinna nous offre dans ce roman, relatant les malheurs du meunier Gunnar Huttunen, coupable, aux yeux des habitants du hameau voisin, d'être un peu perché.
Je ne peux pas m'empêcher de penser à Georges Brassens et sa "mauvaise réputation" qui résume tout ça merveilleusement bien:
Au village, sans prétention,
J'ai mauvaise réputation ;
Que je me démène ou qu'je reste coi,
Je pass’ pour un je-ne-sais-quoi.
Je ne fais pourtant de tort à personne,
En suivant mon ch’min de petit bonhomme ;
Mais les brav’s gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux…
Non, les brav’s gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux…
Tout le monde médit de moi....
Sauf la belle Sanelma, ca va de soi :))
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