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Citation de Pralinerie


Le sacrifice agit en réordonnant le trauma autour d'un récit exemplaire qui lui-même sert de fabrique à un rituel. Il produit un travail d'archive, d'activation de la mémoire en rappelant la violence originelle qui l'a rendu nécessaire. Il agit comme un traumatisme, mais dans l'espace de ce « comme» il y a l'Histoire, le champ social, les autres, le temps commun. Il a cela en commun avec le trauma d'être dans l'irréparable, le «jamais plus », le « une fois pour toutes ». Mais à la différence du trauma qui ouvre dans l'histoire du sujet une place béante que rien ne peut cicatriser, le sacrifice interprète le trauma sur la scène sociale et publique, il en fait un événement dont la ritualisation recouvrira la souffrance d'une pellicule de gloire. Il en va ainsi des guerres, espace de mille traumas individuels réinterprétés comme sacrifices à la mère patrie. Le trauma lui aussi provoque de l'irréparable, mais de manière invisible, insondable. II est du côté du réel, c'est-à-dire de l'inconnaissable. Un enfant abusé ne saura pas retrouver I'endroit exact du trauma, là où le moi s'est évanoui sous l'effet de l'intolérable. Ce fading, c'est le trauma même. Le sujets'efface de la scène traumatique précisément parce qu'il ne peut pas désigner clairement le bourreau (surtout quand il est un proche ou un parent) puisque les liens d'amour se mêlent à ceux de l'envie, du désir forcé, de l'angoisse qu'a l'enfant de faire de la peine à celui qui le martyrise, de le décevoir, de rompre par son aveu le pacte qui les lie. Quelquefois même, la victime pactise avec le bourreau pour que le silence demeure, parce qu'on choisit presque toujours d'être loyal à ses parents ou à ses proches contre soi-même, même quand on ne le sait pas.
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