La nourrice avait dans les veines un peu de ce sang maure que les Arabes ont porté, vers le XIème, jusqu'au seuil du Poitou. Angélique avait sucé de ce lait de passion et de rêves où se concentrait l'esprit ancien de sa province, terre de marais et de forêts ouverte comme un golfe aux vents tièdes de l'océan.Elle avait assimilé pêle-mêle un monde de drames et de féerie. Elle en avait pris le goût et une sorte d'immunité contre la peur.