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Citation de enkidu_


Cette même maxime du pardon des offenses, et celles qui ordonnent de rendre le bien pour le mal, et de faire aux autres ce que l'on voudrait qui nous fût fait, se rencontrent dans plusieurs écrits orientaux. On lit dans les distiques de Hafiz ce beau passage : « Apprends de la coquille des mers à aimer ton ennemi, et à remplir de perles la main tendue pour te nuire. Ne sois pas moins généreux que le dur rocher ; fais resplendir de pierres précieuses le bras qui déchire tes flancs. Vois-tu là-bas cet arbre assailli d'un nuage de cailloux ? il ne laisse tomber sur ceux qui les lancent que des fruits délicieux ou des fleurs parfumées. La voix de la nature entière nous crie : l'homme sera-il le seul à refuser de guérir la main qui s'est blessée en le frappant ? de bénir celui qui l'outrage » ?

Le précepte évangélique, paraphrasé par Hafiz, se rencontre en substance dans un discours de Lysias ; il est exprimé distinctement par Thalès et Pittacus ; Kong-Tzée l'enseigne dans les mêmes paroles que Jésus ; enfin on trouve dans l'Arya, écrit plus de trois siècles avant notre ère, ces vers qui semblent faits exprès pour inculquer la maxime et peindre la mort du juste qui nous l'a dictée :

L'homme de bien, paisible au moment qu'il expire,
Tourne sur ses bourreaux un oeil religieux,
Et bénit jusqu'au bras qui cause son martyre :
Tel l'arbre de Saudal que frappe un furieux,
Couvre de ses parfums le fer qui te déchire.

Interrogez les peuples, depuis le pôle boréal, jusqu'aux extrémités de l'Asie, et demandez-leur ce qu'ils pensent de la vertu ; ils vous répondront, comme Zénon, que c'est tout ce qu'il y a de bon et de beau ; les Scandinaves, disciples d'Odin, vous montreront le Hâvamâl, discours sublime de leur ancien législateur, où l'hospitalité, la charité, la justice, le courage leur sont expressément recommandés : vous saurez par tradition que les Celtes avaient des vers sacrés de leurs Druides, où la piété, la justice, la valeur étaient célébrées comme des vertus nationales : vous verrez dans les livres conservés sous le nom d'Hermès, que les Egyptiens suivaient sur la morale les mêmes idées que les Indiens, leurs antiques précepteurs ; et ces idées, conservées encore dans le Dherma-Shastra, vous frapperont dans les Kings des Chinois. C'est là, dans ces livres sacrés, dont l'origine se perd dans la nuit des temps, que vous trouverez à leur source les maximes les plus sublimes de Fo-Hi, de Krishnen, de Thaôth, de Zoroastre, de Pythagore, de Socrate et de Jésus.

La morale, je le répète, est partout la même : aussi ce n'est point sur ses principes écrits qu'on doit juger de la perfection du culte, comme on l'a fait sans réflexion, mais sur leur application pratique. Cette application, d'où résulte l'esprit national, dépend de la pureté des dogmes religieux, de la sublimité des mystères, et de leur plus ou moins grande affinité avec la Vérité universelle, qui est l'âme, apparente ou cachée, de toute religion. (pp. 245-248)
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