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Citation de HundredDreams


Au milieu du vacarme de la gare de Pennsylvanie, Ignacio Abel s’est arrêté en entendant quelqu’un l’appeler par son prénom. Je le vois d’abord de loin, parmi la foule de l’heure de pointe, une silhouette masculine identique aux autres, rapetissées par la dimension imposante du bâtiment, comme sur une photographie de l’époque : pardessus légers, gabardines, chapeaux ; chapeaux de femme au bord incliné sur l’oreille et petites plumes sur le côté ; casquettes rouges des porteurs et des employés du chemin de fer ; visages estompés par la distance ; pans de pardessus ouverts que l’énergie de la démarche fait flotter en arrière ; courants humains qui s’entrecroisent sans jamais se heurter, chaque homme et chaque femme est une silhouette semblable aux autres et pourtant dotée d’une identité aussi indiscutable que la trajectoire unique qu’elle suit à la recherche d’une destination précise ; flèches de direction, tableaux avec des noms de lieux et des heures de départ ou d’arrivée, escaliers métalliques qui résonnent et tremblent sous le galop des pas, horloges suspendues aux arcades d’acier ou couronnant des panneaux indicateurs verticaux où de grandes pages de calendrier permettent de voir de loin la date du jour. Il doit être nécessaire de tout savoir avec exactitude : ces lettres et ces chiffres, d’un rouge aussi intense que celui de la casquette des employés de la gare, indiquent un jour proche de la fin d’octobre 1936. Sur le cadran éclairé de chacune des horloges suspendues comme des ballons captifs à une grande hauteur au-dessus des têtes, il est quatre heures moins dix. À cet instant Ignacio Abel marche dans le hall de la gare, vaste espace composé de marbre, de hautes arcades métalliques, de verrières voûtées salies par la suie et qui filtrent une lumière dorée dans laquelle flottent de la poussière et la clameur des voix et des pas.

(Incipit)
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