(Ici j’ai pu parler des regrets, de la peur et de l’angoisse dont je ne pouvais pas parler en famille. J’ai pu exprimer ma douleur, dire : « Je ne veux pas mourir » avec des mots de tous les jours. Ici, j’ai pu être moi-même simplement, sans souci de différence d’âge ou de milieu social.)
— Je ne peux pas me montrer déprimée face à tous ces gens qui luttent avec courage, ce ne serait pas bien. Allez, Takahiko, ajouta-t-elle en pressant son mari, on rentre à la maison ?
Ils regagnèrent le rez-de-chaussée en ascenseur.
Junko ferma les yeux un moment, pour affermir une résolution qu’elle avait prise seule. Les abords de l’accueil au rez-de-chaussée devaient être animés, pourtant elle n’entendait rien en dehors du bruit des roues de son fauteuil roulant.
(Peut-être que ce bruit vient de l’intérieur de mon corps. C’est le bruit de ma vie qui s’écoule.)
L’instant suivant, un petit choc s’exerça sur le fauteuil à partir d’en bas, et elle ressentit le souffle tiède de l’air sur ses joues.
(C’est la frontière. C’est ici que je renonce à tout traitement pour guérir. J’ai franchement peur…)