Audrey Bataille

C’était donc cela un joli visage : un assemblage de proportions scientifiques qui permettait une harmonie parfaite. Tout semblait idéal, de ses cheveux châtains foncés à son menton carré. Sa petite barbe légère assombrissait sa peau claire et le sexualisait davantage. Et lorsqu’il riait, ses dents impeccablement alignées et de taille parfaite mais sans effet clinquant provoquaient chez les autres une réponse similaire immédiate. Il était difficile de lui résister. Les femmes comme les hommes d’ailleurs. Ces derniers ne ressentaient pas de jalousie. Ils se laissaient impressionner comme des esthètes découvrant une œuvre d’art.

Qui pouvait bien passer la porte ?
En s’avançant, il fut surpris de trouver Sarah, la tête baissée, poignée coulissante de sa valise à la main, en train de défaire ses mocassins bleu marine. Quelques mèches de ses cheveux caramel recouvraient son visage nu, sans maquillage. Hugo trouva que la photo d’elle, enfant, accrochée juste à sa droite dans l’entrée était identique à la Sarah d’aujourd’hui. Malgré les épreuves du temps, elle gardait la même fraicheur que la petite fille du portrait. Sarah leva son visage. Ses pépites dorées logées dans ses yeux noisette ressortaient exceptionnellement bien par la lumière que les baies vitrées ne pouvaient filtrer.