Avrohom Chaim Feuer

Le titre exact de cette édition des Psaumes est Tehilim, en hébreu, et non Téhélim comme sur la fiche de Babelio. le mot dérive de Téhila, qui signifie "louange" dans cette langue, mot rare qui, à ma connaissance, ne se trouve que peu dans ce livre de poèmes sacrés : "lekha dumiya tehila", ce qui peut se traduire par "à toi, le silence est une louange", énoncé paradoxal sous la plume d'un poète.



Ce recueil de cent cinquante poèmes, destinés à être récités et chantés au Temple de Jérusalem, nous est parvenu en même temps que les vingt-trois autres livres de la Bible hébraïque. La Bible ne jouit pas d'une bonne presse sur ce site, et je ne perdrai pas mon temps à persuader les Babéliotes qu'il vaut la peine de la lire. Ceux qui voudront bien se pencher sur ces textes, surtout ceux de l'édition commentée Artscroll, comportant la version originale, une traduction (anglaise, mais le volume est paru en français aussi) et des explications tirées des commentateurs de la tradition juive, découvriront une poésie passionnée, où à peu près tous les états de la condition humaine se retrouvent et s'expriment, mais adressés toujours à Dieu sous la forme de prières (la tradition juive en définit dix types, à partir des Psaumes). Ces interpellations lancées à la divinité risqueraient de bouleverser profondément les préjugés et les idées reçues du lecteur sur "la religion". La ligne interprétative de cette édition revient à expliquer les versets de chaque psaume par des épisodes de la vie du roi David, et des quelques autres auteurs auxquels sont attribués certains autres textes (Adam, Moîse, Salomon ou les fils de Coré). Ce rappel constant ne rétrécit nullement la portée de ces poèmes : au contraire, ce qu'a vécu le roi David, tel que les livres de Samuel et des Chroniques nous le racontent, ou les autres auteurs, est en quelque sorte exemplaire de toute vie humaine. Ce lyrisme personnel n'est jamais égoïste ni égocentrique, et parler de soi revient à parler des autres, comme l'avait bien vu Victor Hugo dans ses Contemplations. Toutefois, cet homme qui appelle Dieu au secours n'est jamais seul, et s'il y a un sentiment humain que l'on est sûr de ne jamais trouver ici, c'est le désespoir.



A priori, il ne s'agit que du judaïsme, et ce livre est lu en continu et en hébreu dans toutes les communautés juives du monde et en Israël. Mais il a été traduit aussi en grec dès l'Antiquité pour les besoins des synagogues alexandrines, puis les textes sont naturellement passés aux chrétiens par d'autres versions encore. La version grecque antique continue d'être lue et psalmodiée telle quelle au Mont Athos, tandis que des millions de protestants ou de catholiques de par le monde lisent ce livre dans leur langue et prient avec. Pareil phénomène ne peut laisser indifférent.

Un mince volume publié par l'éditeur juif orthodoxe Artscroll, et consacré au commentaire des Dix Commandements (en hébreu, "les dix paroles", qui correspondent en nombre aux dix paroles par lesquelles le monde fut créé). La place tenue par le texte hébreu est forcément limitée, puisque ces dix paroles sont extrêmement brèves, mais dans ce petit livre, les auteurs se sont efforcés de donner le plus de commentaires possible tirés de la tradition juive, qu'ils résument et reformulent en anglais. Une lecture très instructive, qui permet d'aller au-delà des sens littéraux, et de mieux appréhender les questions que posent ces dix ordonnances divines.