Crevons de suite cet abcès qui me fait mal au sujet de ce roman dont on me dit, en 4ème de couverture, qu’il évoque le « Misery » de Stephen King… Non, non et non !
Certes, nous avons un homme retenu prisonnier par deux quadragénaires dont l’une – Amélia – est une véritable tyran envers sa sœur mais hormis cette détention, nous sommes très loin du calvaire enduré par l’écrivain Paul Sheldon et loin d’Annie Wilkes, l’infirmière sadique et azimutée.
Rendons à Stephen King ce qui est à Stephen King : nous sommes loin de son Misery…
Attention, cela ne veut pas dire que ce roman-ci n’est pas bon ou qu’il est chiant, loin de là ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit.
De la tension, on en aura ! Du huis-clos est inscrit au programme. Du suspense aussi, grâce à la construction du roman qui n’est pas linéaire dans le temps, ce mélange entre passé et futur rendant la tension encore plus vive.
Les personnages sont bien décrits, travaillés, et autant le portrait que l’on nous brosse d’Amélia, la sœur aîné, fait froid dans le dos, autant celui de sa sœur Virginia donne envie d’être son amie, elle qui a un monde imaginaire où elle aime se réfugier, elle qui n’est jamais allée plus loin que le pont, elle qui reste à la maison, vivant sa vie par procuration, devant son poste de télévision (merci J-J.G).
Ces deux sœurs ont eu une enfance un peu bizarre, entre un père partit courir une autre femme que la sienne, une mère aux abonnés absents, étant uniquement présente de corps mais pas d’esprit, nos deux gamines ont donc été élevées par leurs grands-parents et elles ne se sont jamais mariées, restant dans la maison familiale, vivant l’une pour l’autre.
Là où l’auteure excelle, c’est dans la mise en place des événements, plongeant un (renard) séducteur – Dario – qui aime jouer avec les femmes dans une maison (poulailler ?) où deux sœurs vivent seules en étant tout l’une pour l’autre, avec une douce rêveuse et une qui aime avoir la main mise sur cette sœur, justement.
Le renard aurait mieux fait d’aller voir après d’autres poules… Ou de ne pas se frotter à l’une et puis à l’autre.
Le huis-clos est oppressant – à cause d’Amélia – le jeu de séduction est subtil, tout en douceur, tout en coups de poignards dans le dos, et on n’en sortira que pour faire des incursions dans le passé et en savoir plus sur nos deux sœurs et sur l’événement traumatisant qui s’est passé dans leur enfance.
Ce roman, une fois entamé, difficile de ne pas vouloir aller jusqu’au bout ! Il n’est pas épais, se lit très vite et est délectable au niveau de ses personnages.
Bien que l’intrigue soit du déjà-lu, elle est traitée d’une manière qui vous fera froid dans le dos dans les dernières lignes.
Amélia n’est pas Annie Wilkes, loin de là, mais elle a une part d’ombre qu’il vaut mieux ne pas trop explorer.
Lien :
https://thecanniballecteur.w..