La déportation prive la personne de son droit le plus fondamental après son droit à l'existence. Celui qui envisage par réalisme la déportation de tout un peuple est prêt à admettre son extermination : les arguments dont il se sert pour justifier l'une seront bons pour justifier l'autre. La déportation massive est à l'exil ce que l'extermination massive est à la condamnation à mort ; elle porte le crime à un niveau qui dépasse l'esprit humain. La technique tendait à dévorer le temps de l'individu moderne, l'État lui prend l'espace. La société féodale vendait le serf avec la terre, la nôtre en arrache le paysan.