Aimeric pensa qu'il n'avait jamais caressé ses loups, aucun. L'amitié que les loups lui portaient sans raison relevait manifestement d'un autre monde que le monde charnel ; elle venait du monde spirituel plutôt, un monde de lumière, étrangement différent du monde d' ici-bas. Ce n'était peut-être pas un hasard si les loups l'avaient reconnu après son initiation à la religion cathare.
Dans tous les cas, il ne pouvait s'agir d'une amitié commune, ordinaire. Peut-être était-elle dans l'explication des âmes errantes, qui allaient de corps en corps ? Le lien qui l'unissait fortement, si chaleureusement aux loups était-il fondé dans une reconnaissance d'âme à âme, une complicité ancienne quelque part dans le monde visible ou invisible, dans le temps présent ou le passé ? Avait-il été loup par le passé ? Il avait le sentiment d'une fusion mentale dans l'Esprit des loups, le grand Esprit des loups auquel tous étaient rattachés par-delà les montagnes des siècles. Les hommes avaient bien le Saint-Esprit.
Mais existait-il, cet Esprit des loups ? C'est pourtant ce qu'il pressentait.