Bernard Werber

L'appel de la forêt était le plus fort. Au bout d'un moment, les voitures, le béton, le plastique, la nourriture sans goût, les gens sans odeurs, les passants qui s'énervent pour des bêtises, tout cela me semblait dérisoire. J'ai eu envie de retrouver la forêt, ses parfums, ses couleurs, ses plantes et ses animaux. Ici, il y a la force vitale. Le sol de Paris ne dégage aucune énergie. Quand on marche sur l'asphalte, on ne ressent rien. Quand je marche ici, pieds nus dans la forêt, mes piles se rechargent.
... Chez nous, il n'y a pas de dépression, d'anorexie, pas de schizophrènes, de paranoïaques, pas de névroses, pas de serial killers. Nous savons apprécier la chance d'être vivants et connectés à tout ce qui vit, alors nous ne tuons que pour survivre.
... Savez vous que l'homme moderne a un cerveau plus réduit de 10% par rapport à l'homme des cavernes ?
... A force d'utiliser des machines avec des boutons, des manettes et des cadrans, vous ne savez plus rien faire. Vous avez perdu en dextérité, en habileté. Vos doigts ne savent plus nouer. Vos yeux ne savent plus guetter l'horizon. Vos oreilles ne reconnaissent plus les chants d'oiseaux. Les radios et les télés sont allumées pour occuper tout l'espace visuel et sonore. Vous ne savez plus chasser, vous ne savez plus tisser, allumer des feux, renifler une piste, observer les nuages pour prévoir la météo. Vous êtes devenus des handicapés de la vie.