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Citation de art-bsurde


L'élaboration par l'Union Européenne d'une politique commune en matière d'immigration et d'asile fournit, depuis la fin des années 1990, un bon exemple de la transformation d'un phénomène naturel – les migrations internationales – en péril dont il faudrait se prémunir. Composante indissociable de la mondialisation, les migrations ont activement participé – et participent encore – au développement des sociétés d'accueil comme à celui des pays de départ : en 2012, le montant des fonds envoyés, au niveau mondial, par les migrants vers leurs pays d'origine était estimé à environ 500 milliards de dollars (à titre comparatif, le total de l'aide publique au développement s'élevait, à la même époque, à 200 milliards de dollars). A travers les mouvements de réfugiés et de personnes déplacées, elles sont aussi l'expression de la prise en charge collective des conséquences des crises (famines, catastrophes environnementales) et des conflits telle qu'elle a été impulsée par les Nations Unies depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Inéluctables, les migrations sont même, selon certains analystes, indispensables à la bonne marche du monde.
En dépit de cette évolution, les États de l'UE, comme beaucoup de pays industrialisés, ont organisé leurs politiques migratoires en forme de filtre. Sans prendre en considération la multiplicité des facteurs de départ, ces politiques visent principalement à attirer les migrants supposés « utiles » pour les pays d'arrivée et à empêcher les autres de franchir les frontières ou à les expulser lorsqu'ils les ont franchies. Pour légitimes ces objectifs malthusiens et les dispositifs mis en œuvre pour les atteindre, les autorités des pays concernés se sont employées à donner de la migration l'image d'une menace dont il convient de se défendre, sans hésiter à pratiquer l'amalgame. En 1997, l'UE a consacré la sanctuarisation d'un « espace de liberté, de sécurité et de justice » destiné à apporter un « degré de protection élevé » aux citoyens européens contre « le crime organisé, le terrorisme et l'immigration irrégulière », placés sur le même plan comme s'il s'agissait de fléaux comparables.


Une guerre qui ne dit pas son nom : la gestion militaro-sécuritaire des migrations (Claire Rodier)
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