Je plongeai sur le Roi sans attendre et l'aida à prendre appui sur moi. Je le tirai pour quitter la pagode. Il vacillait, le visage tordu de souffrance.
Alors que je gagnais les jardins, la voix de Calaf fusa dans la nuit.
- Liù ! Je vous retrouverai.
Puis le fracas des armes couvrit ses mots.
Je fouillai l'espace du regard, tumulte, ferraillements, cris et désolation montaient des quatre coins de la Cité.
Les écuries semblaient en feu, les chevaux affolés galopaient en tous sens. Nous n'étions plus en sécurité nulle part. Comment protéger mon vieux maître ?
Je rêvais de passer le reste de ma vie comme ça, suspendue, au bord de l'orgasme.
Il me tendait sa tasse sans me voir. Son travail l'absorbait entièrement. Un air grave et sérieux verrouillait son visage. Je n'étais pour lui rien d'autre qu'une théière.
Aujourd'hui je comprends notre épreuve. Nous allons retrouver Caalaf, j'en ai la conviction.