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Citation de Woland


[...] ... Chaque fois que j'entends le nom de ce maudit homme [= Mesmer], un nom que j'ai fait circuler parmi les cours d'Europe, je suis prêt à m'étrangler de rage. En conséquence de ses trucages et de ses absurdités, j'ai compromis ma position à la Cour, j'ai failli perdre la faveur de Sa Gracieuse Majesté et ma fille m'est devenue étrangère. Les gens désoeuvrés de la Cour se sont mis à parler dans mon dos, et ces chambellans, assistants, secrétaires et maîtres de cérémonie, qui m'avaient toujours traité avec le respect dû à un Secrétaire auprès de Leurs Majestés, ont commencé à mettre à l'épreuve la faveur dont je jouissais, faisant circuler mon nom en y attachant seulement l'idée d'un amoindrissement de mon statut, comme c'est le cas même lorsque rien ne pèse sur celui-ci mais qu'il est devenu sujet de commérages.

Et tout cela alors que j'avais à réfléchir à de sérieux problèmes, concernant leurs deux Majestés. L'impératrice subissait à cette époque l'une de ses attaques d'essoufflement, haletant quand elle était couchée et suffoquant quand elle se déplaçait, ce qui était dû en partie à sa tendance à l'embonpoint. Le docteur Stoerk se montrait sans cesse au palais. Elle se refusait à abandonner cette idée de légiférer sur la moralité publique, ce qui, étant donné la conduite de plusieurs membres de la Cour, provoquait beaucoup de rires parmi ces beaux esprits qui appelaient son groupe la "commission de chasteté." Elle se querellait toujours avec son fils, l'empereur, à propos de la partition de la Pologne, regrettant de l'avoir approuvée, et elle envoyait une tempête de lettres à sa fille qui était à Paris. Elle avait toujours la Prusse en tête, d'autant plus qu'il y avait danger là-bas. Mes chagrins domestiques semblaient banals, comparés à tout cela. Mais, même au milieu de tous ces soucis, l'impératrice se tournait vers moi pour me demander comment se portait ma fille et me dire combien elle souhaitait l'entendre jouer à nouveau. Comment pouvais-je lui dire que l'enfant était incapable de jouer une note à cause des manigances de cet homme ? [Depuis qu'elle a retrouvé la vue, Mademosielle P. semble avoir perdu le toucher qu'elle avait au clavecin : il s'agit en fait d'un défaut de coordination entre les deux mains.] ... [...]
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