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Citation de Livretoi


En face de moi, au beau milieu du salon, Salima se tient sur une chaise cannelée, adoptant la position du violoncelliste, buste droit, jambes ouvertes, et complètement nue.
Tel un petit phallus, un bâton de rouge à lèvres se promène sur ses mamelons. Les tétons dressés se couvrent d’une teinte amarante. Un sein et puis l’autre… Salima colorie les aréoles en prenant soin de ne pas dépasser. Satisfaite, elle gonfle sa poitrine.
Elle me tend le tube mais, incapable de parler, je refuse l’invitation d’un hochement de tête. Alors Salima cambre les reins, écarte davantage les cuisses, dirige la main vers sa vulve dont elle maquille les grandes lèvres – on dirait qu’elle se masturbe.
Le tube de rouge roule sur le tapis. Ses bras ramenés le long du corps, elle demeure immobile durant plusieurs minutes, livrée à mon regard. En ce qui la concerne, ses yeux se sont fermés ; exceptionnellement, aucun fard n’irise les paupières. Nulle trace de pigment sur sa bouche, sur ses joues…
Seuls son sexe et le bout de ses seins ont été décorés, et c’est bien simple : on ne voit qu’eux.
Salima est plus nue que nue. Ses attributs rehaussés par le maquillage semblent gorgés de sang, et sans doute, sous l’effet du désir, le sont-ils réellement, tout comme mon pénis.
Un animal sophistiqué. Le paradoxe éclate. Sublimée, la chair est devenue obscène. Crêtes des coqs, jabots des dindons, fesses des babouins : les images les plus triviales éclosent dans mon esprit. En même temps, le corps de Salima m’envoûte comme jamais, et jamais ne m’a paru si mystérieux. Je fixe la vulve fardée, bordée d’une mince frange de poils, et bientôt m’envahit l’impression étrange de contempler un œil, d’être moi-même contemplé.
Je finis par baisser la tête.
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