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Citation de Partemps


mer frigide longue jetée noire
deux trois cargos amarrés
tendent leurs câbles

pâtés en boîte chips et petits pains
rayons obscurs javellisés on piétine
chacun déballe ses devises
les caissières sortent leurs calculettes
fin de journée elles aussi ont pris leurs billets
grand week-end et croisière en perspective

la passerelle mène droit au salon avant
plafonds bas il faut pencher la tête
les fauteuils les tôles tremblent par à-coups
le quai sa muraille s’écartent déjà coques et moules
longues guirlandes d’algues noires
tant de monde nos haleines embuent les vitres
je trébuche m’affale sur une fille entre ses genoux
glisse mes jambes puis mes fesses sur le siège mitoyen
les uns les autres s’interpellent momentanément séparés
la fille fait des mots croisés je m’y plonge aussi
la grille ses définitions
m’alourdissent les paupières
j’effleure son épaule du menton

l’île blanche à peine quitté l’estuaire on l’aperçoit
une haie de pins au sud file débordée
puis les roches rousses du cap
île blanche argentée
vagues brisées inaudibles
les machines labourent un courant ici plus sombre
l’île suspendue danse à l’horizon
rien d’autre après
juste le ciel les flots pailletés
et l’île recule brume légère se fond
s’efface indistincte
j’aurai pris le mauvais navire
des récifs passent livides sous le guano
la houle se creuse asperge les hublots
j’écluse un yaourt avec le doigt
épluche une orange m’essuie la main contre mon pantalon
mer trop forte à présent portes verrouillées
interdisent de gagner le pont
des religieuses papotent avec les caissières
je sors mon vieux policier pages jaunies pelucheuses
coups de théâtre sanguinaires règlements de compte
j’ai beau les connaître chaque fois sursaute

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