AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de le_Bison


Tout bouge de l’autre côté de la fenêtre : arbres en papier, machines jouets, maisons de brindilles, chiens de paille. Une tache d’écume envahit les rues, laissant au passage de l’eau, des algues, des objets cassés, jusqu’à la vague suivante qui balaye tout. La marée arrache ce que le vent ne parvient pas à abattre. L’immeuble résiste à l’assaut de la mer. À l’intérieur, les coursives sont remplies de visages effrayés et de gens qui récitent des instructions et des évidences (“restez calmes, camarades, ça ne va pas durer”). Tous s’expriment à la fois (vingt disques rayés tournant en même temps) : tous disent la même chose avec des mots différents, comme dans la file d’attente ou au meeting – manie de parler : douze millions de disques rayés qui piaillent sans cesse. Le pays entier est un disque rayé (tout se répète : chaque jour est la répétition du précédent, chaque semaine, chaque mois, chaque année ; et, de répétition en répétition, le son se dégrade jusqu’à n’être plus qu’une vague évocation méconnaissable de l’enregistrement original – la musique disparaît, remplacée par un incompréhensible murmure sableux). Un transformateur explose au loin et la ville est plongée dans l’obscurité. L’immeuble est un trou noir au milieu de cet univers qui n’en finit pas de s’effondrer avec fracas. Plus rien ne fonctionne, mais on s’en fiche. On s’en fiche toujours. Comme un disque rayé, qui se répète sans cesse…
Commenter  J’apprécie          132





Ont apprécié cette citation (11)voir plus




{* *}