AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de PATissot


6 janvier 1846

À la Grande Maison, il y a une sorte de râtelier à l'intérieur de la porte principale. Je le regardais d'un air intrigué quand j'ai entendu derrière moi une voix au timbre très doux expliquer :
- C'est là qu'on laisse ses chaussures quand on vient de l'extérieur.
Je me suis retournée - et qu'est-ce que j'ai vu debout devant moi ? Un jeune gentleman en tenue de cavalier ! Il devait avoir à peu près l'âge de Pat - peut-être un brin plus âgé. J'ai baissé les yeux vite fait et je me suis concentrée sur mes pieds, parce que je ne pouvais pas le regarder. Il était si beau, avec des yeux brun foncé, presque noirs, mais pleins de bienveillance et . . . Oh, je commence à comprendre pourquoi Pat m'a donné ces pages en me disant de noter mes secrets dedans.
Je me demande si le jeune gentleman a remarqué que j'avais pas de chaussures. De ma vie, j'ai jamais eu de chaussures ni de bas !
D'un hochement de tête, je l'ai remercié pour son explication et je me suis ensauvée à l'étage avec mon seau qui cliquetait contre les marches. Les couloirs sont longs, très longs. J'aurais pu me perdre pour toujours. Quand j'ai eu ouvert quelques-unes des portes qui donnent sur le palier, j'ai vu qu'il n'y avait là que des chambres - six, sept, peut-être huit - et que même, il y avait un lit, et par-dessus le marché, un lit avec des draps de lin et pleins d'oreillers ! Pouvez-vous imaginer ça ! J'ai jamais vu, même dans mes rêves, pareille élégance. Et chaque chambre possède son âtre.
Après avoir pris la fuite, j'avais le ceur qui battait si fort que je me suis cachée dans une des chambres et que je suis restée là à respirer sa propreté - odeurs de blanchisserie, de pétales séchés dans des bols de porcelaine ( pot-pouri, ça s'appelle ) et de cire à bois. Tout ça était si doux, si tranquille, je me suis avancée sur la pointe des pieds jusqu' à la la fenêtre, j'ai jeté un coup d'oeil à travers la vitre et j'ai contemplé les champs qui ondulaient à l'infini de continuer jusqu' au bout du monde !
Au-dessous, dans les jardins que je regardais , y avait des fleurs et des feuilles de toutes les formes et de toutes les tailles! Et même qu'on était en hiver, y avait aussi plein de couleurs. J'aurais jamais imaginé qu'il puisse exister quelque part tant de bon goût, tant de luxe, tant de beauté.Et au milieu de tout ça, il y a le jeune homme aux yeux noirs.
C'est pareil que de se réveiler en pleine nuit pour se retrouver dans un royaume féerique où le ciel brille de tout son éclat et où les oiseaux chantent doucement. J'ai beau me pincer, la Grande Maison existe pour de vrai, et j'ai le droit d'être là et j'ai, en plus, un bol de soupe chaude chaque jour à midi !
Commenter  J’apprécie          20









{* *}