Je ne peux, à ce stade de mon récit, passer sous silence ces délices verbaux recueillis jeudi par Vidocq et Canler, poétisés par Balzac et Hugo, cette façon d'arranger les expressions, de les cabosser, de les tordre, de les voler à notre bon françois. L'argot ôte sans vergogne le "poli politesse" aux mots pour les rendre matières, textures, tissus, veines, raclées, caresses, baisers, trahisons. Cette poétique qui fond le masculin dans le féminin et donne du sexe à tout ce qui palpite, qui rend surréalistes les discussions et pique les mots du dictionnaire académique pour créer sa propre respiration, a le mérite de n'avoir jamais souhaité neutraliser le français.