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Citation de cecilit


Donatien, tu es mort depuis deux cents ans, et je sais que, comme moi en cet instant, tu aurais souri d'une lettre qu'on aurait promis de t'adresser dans l'autre monde, comme on dit, convaincus l'un et l'autre qu'une telle lettre ne te parviendra jamais à une telle adresse, car n'étant plus ici, tu n'es nulle part.
Il t'est arrivé d'être condamné à mort par contumax, d'avoir été exécuté en effigie, un mannequin ayant eu la tête tranchée sur un billot, en la place des Prêcheurs à Aix, puis le fétu de paille ayant été brûlé, et d'avoir été ainsi décrété de mort civile : tu n'existais plus pour la société qui t'avait connu et reconnu, ton épouse Renée-Pélagie devait être considérée comme ta veuve, tes biens pouvaient être remis à tes héritiers ou vendus au profit de tes créanciers. Mais cela ne t'empêchait pas de vivre, d'exister ailleurs, sous le masque, avec l'espoir de ressusciter un jour à la vie civile, dans ta véritable identité, parmi ceux que tu aimais et qui te chérissaient malgré les soucis que tes écarts de conduite et ton impiété leur procuraient.
Aujourd'hui, tu es perdu à jamais. Les traces de ta tombe ont disparu "dessus la surface de la terre" comme tu en exprimas le voeu dans ton testament, faisant de celui-ci une admirable page de littérature, laquelle, paradoxalement, devenait une raison de plus pour que ton souvenir, lui - contrairement à ce que tu souhaitais aussi-, ne s'effaçât point de la mémoire des hommes : sur ce point, ton espoir a été contredit. Mais tu ignores cela, dans un effacement souverain de tout et de l'oubli lui-même, puisque tu n'es plus.
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