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Citation de gabrielleviszs


Les portes s’ouvrent. Je brandis plus haut mon panneau. Un flot de passagers commence à apparaître. Je me rapproche davantage pour être bien visible. À quoi peut ressembler Junior ? J’imagine un gamin de sept à huit ans, blond comme les blés, un peu joufflu, mais maigrelet. Il sera logiquement accompagné d’une hôtesse de la compagnie que je devrai convaincre de me laisser l’emmener avec moi. À moins que sa mère ne les ait déjà prévenus. Foutu Yotuel et ses idées du siècle ! Il m’embarque toujours dans ses galères et moi je me fais avoir à chaque fois ! Avec un peu de chance, le gamin ne tardera pas trop. On sautera dans un taxi collectif, je le déposerai à l’hôtel et je filerai au gymnase pour mon entraînement. Je n’aurai pas le temps d’aller au bout du programme complet, mais peut-être que je pourrai en faire la moitié. J’ai déjà enfilé ma tenue de sport, jogging et débardeur pour gagner quelques précieuses minutes. Pas besoin de passer par le vestiaire, j’attaquerai directement. — Tu es beaucoup trop sexy pour être ma mère ! me dit une voix grave à côté de moi. Je sursaute tellement que j’ai l’impression d’avoir décollé à plus d’un mètre du sol. Blond, des yeux à faire pâlir les eaux les plus pures des lagons cubains, une barbe de trois jours... Il doit y avoir erreur. Ce n’est pas le gamin que j’attends. Il est beaucoup trop... tout. Beaucoup trop grand, beaucoup trop carré, beaucoup trop âgé, beaucoup trop séduisant, beaucoup trop sûr de lui, beaucoup trop arrogant. Trop tout, voilà. Je regarde autour de moi pour vérifier qu’il ne s’adresse pas à quelqu’un d’autre. Non, il n’a pas bougé et m’observe d’un œil appréciateur. Mon premier réflexe est d’esquisser un pas vers l’arrière, aussitôt étouffé par une sensation que je ne comprends pas. Je devrais percevoir l’onde rassurante de la colère monter en moi, celle-là même que je côtoie au quotidien et qui me permet de rester debout. Je devrais ressentir la vague de la peur aussi, celle qui déferle depuis onze mois et s’assure que je ne puisse pas me libérer de sa prison. Mais il n’y a que mon cœur qui se rue contre les barreaux de la cage de ma poitrine. Liberté ! me hurle-t-il en battant vite, très vite. Onze mois, si ce n’est plus, qu’il n’a pas réagi comme ça.
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